Jean-Luc Migué, économiste Institut Fraser Profession émérite, ENAP Quebec

Senior Fellow, Institut Fraser et professeur émérite, ENAP - Senior Fellow, The Fraser Institute and professor Emeritus, ENAP, Québec.

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Règles constitutionnelles restrictives, indispensables à la démocratie

Le 15 juillet 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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L’histoire du XXe siècle confirme que la moitié de l’Europe a succombé à l’autoritarisme dans les années 20 et 30. La démocratie occidentale est devenue surchargée d’obligations et dominée par les groupes d’intérêt.  Le correctif qui s’impose, révélé par l’histoire du XXe siècle, est que les règles constitutionnelles qui la régissent la circonscrivent rigoureusement. La question première à se poser reste toujours celle de définir son rôle à l’État, pour ensuite l’encadrer de règles qui interdisent le gonflement dont il a fait l’objet au XXe siècle. Force nous est de reconnaître que l’étendue de l’intervention étatique est la mesure de notre échec comme animal social. L’explosion des «droits sociaux» depuis la deuxième guerre mondiale constitue le problème essentiel de l’État moderne. C’est lorsque le commerce entre les hommes devient impraticable que l’État est appelé à intervenir. La coercition d’État est un mal nécessaire aux sociétés libres. Mais il faut voir dans l’explosion de l’étatisme à travers l’Occident depuis cinq décennies, l’expression incontestable de la faillite de nos relations humaines, de notre humanisme. Le vieillissement de la population n’incite guère à l’optimisme à cet égard.

Le moment est venu de persuader les votants et les gouvernements eux-mêmes de mettre un terme à la tendance naturelle de l’État à se gonfler. Significations pratiques? Elles sont trop vastes pour s’insérer intégralement dans ces lignes. Quelques illustrations suffiront. La Suède s’est engagée à équilibrer son budget sur l’étendue des cycles économiques. L’introduction de clauses d’expiration aux lois et aux régulations se conçoit aussi. Un régime où les lois et règlements expireraient après 10 ans ne manquerait pas de freiner la poussée des dépenses en imposant aux gouvernements eux-mêmes de se contrôler. En se rappelant que l’exercice de la politique monétaire par la Banque Centrale s’est avéré une heureuse évolution, on est tenté de retirer aux politiciens certaines décisions pour les confier aux technocrates. L’autorité des banques centrales a abaissé le taux d’inflation en Occident de plus de 20 pour cent en 1980 à près de zéro aujourd’hui. Dans ce contexte, le danger d’évoluer vers la technocratie serait réel; ce qui justifierait le recours calculé et circonscrit à cette formule à un nombre limité de décisions, comme par exemple les pensions. La concession aux autorités locales de fonctions plus nombreuses irait dans le même sens[1][1]. Mais la suggestion la plus puissante découlant de notre analyse consisterait à imposer des règles plus restrictives aux législateurs: par exemple la règle de décision à plus de 50 pour cent des assemblées législatives, aux deux-tiers ou plus, dans toutes les décisions susceptibles de gonfler les budgets et les contraintes aux citoyens. L’adoption de compressions aux budgets et à la fiscalité, elle, se maintiendrait à 50 pour cent. La tâche assignée ne sera pas facile, mais le coût de l’inaction à long terme serait énorme. L’avantage de cette sorte de réforme serait par contre imposant. La société qui l’adopterait prendrait l’avance sur ses voisines aux plans humains et économiques. L’accès à la liberté et aux droits de l’individu constitue la tradition qui a propulsé l’Europe d’abord, les États-Unis ensuite, vers le progrès et la richesse. A cet égard, le Québec étant l’une des communautés qui a le plus souffert de l’étatisme, il a le plus à gagner à réinventer l’État.

Dans son histoire récente, la société québécoise a particulièrement misé sur l’appareil orwellien de l’État pour réaliser le progrès et la prospérité, en gâtant  les riches «baby boomers» de son excessive générosité. Elle a, plus que presque partout ailleurs, combiné le vieillissement de la population et la poussée des coûts de la santé. La vision élitique et discréditée qui a présidé à la révolution dite tranquille, mais qu’on qualifierait mieux de bureaucratique, a entrainé la société québécoise à sa suite, en faveur de l’amplification de nos retards et de l’émigration consécutive. L’occasion est venue de persuader les votants et les gouvernements d’accepter les contraintes constitutionnelles à la tentation naturelle de l’État de se gonfler. La consigne est claire: moderniser, par des règles du jeu pragmatiques, une institution étatique surchargée de responsabilités qui ne lui reviennent pas.

[1][1] Le gouvernement québécois projette déjà d’abaisser ses subventions aux municipalités de 300 millions.

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Conclusion: Le capitalisme, seule source de la hausse du niveau de vie

Le 8 juillet 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Capitalisme-Juill16

La piètre croissance du Québec s’avère donc la recette infaillible pour garantir l’émigration de sa population, l’étiolement progressif du français et sa marginalisation ultime. Si le français est menacé, c’est parce que le milieu où s’exprime cette langue languit depuis les années 60 et qu’il offre moins d’opportunities aux Québécois. Peut-on vraiment espérer que le français progresse dans une économie où, faute de dynamisme, la population stagne, le marché de l’emploi est anémique et la croissance s’inscrit en-dessous des territoires qui nous entourent? Toute tentative de balkaniser une société de petite taille au nom de l’identité culturelle ou du multiculturalisme est une menace à la culture qu’on prétend assister. Le fétiche souverainiste est l’expression ultime de cette vision protectionniste de la culture. D’autant plus que la baisse des barrières commerciales a réduit le coût d’être une société de petite taille. Ce qui explique sans doute que le souverainisme ait perdu son audience. Le salut et le rayonnement du français chez nous ne passent ni par l’État québécois, ni par l’État canadien. C’est vous et moi qui ferons l’essor de la culture à la façon de nos ancêtres, non pas la panacée étatiste.

La vision économique, léguée par notre premier maître Adam Smith, repose sur le principe que le commerce libre entre individus et organisations décentralisées est seul capable de créer la richesse et le bien-être. Il en est la pré condition. Selon l’enseignement d’Adam Smith, le progrès économique résulte de contrats entre individus. La civilisation, selon Stuart Mill, ne peut avancer que si les gens jouissent du maximum de liberté de développer leur propre pensée.  Même en acceptant que l’État doive prendre des décisions qu’il faut appuyer, il nous faut reconnaître que chaque intervention diminue la liberté. L’État doit laisser le capital trouver sa plus haute rentabilité; laisser les biens trouver leur prix, la paresse sa punition naturelle, l’industrie sa propre récompense.  Le marché récompense le travail, l’investissement, l’épargne, la productivité, les relations humaines en somme. Une main invisible suscite des comportements socialement et économiquement désirables. Le marché repose sur la responsabilité individuelle. Cette pensée n’est pas l’expression d’une idéologie particulière; elle repose sur l’observation méthodique de la réalité contemporaine. Là où les droits de propriété et la liberté de choisir sont protégés, les marchés modérément libres et le fardeau réglementaire et fiscal léger, le taux de croissance est élevé et l’innovation florissante. Là où le fardeau fiscal, le poids réglementaire et l’instabilité politique sont grands, le progrès économique ralentit[1][1]. Le choix est statistiquement net: croissance et prospérité pour tout le monde par le marché et l’ouverture au monde, ou sous-développement permanent par l’égalitarisme et le redistributionisme d’État.

En 1900, pas un seul pays ne jouissait de ce que l’on considère aujourd’hui une démocratie. En l’an 2000, Freedom House classifiait 120 pays englobant 63 pour cent de la population comme démocratiques. La démocratie, dans ses règles traditionnelles, est la forme de gouvernement la plus favorable à la liberté…sans la garantir cependant. La démocratie du XXIe siècle souffre de problèmes graves. Les économistes de la tradition «public choice», associés à James Buchanan, ont été les premiers à reconnaître ses lacunes, avant même les analystes politiques. Ils ont tôt reconnu que les politiciens démocratiques s’assujettiront aux pressions de leur électorat, comme le confirme l’histoire du XXe siècle. Ils gonfleront les déficits et sous-investiront en infrastructures. On observe d’ailleurs que les votants n’éprouvent guère de respect pour les gouvernements que la démocratie leur a légués. Paradoxalement, ils estiment que la démocratie ne mérite aucune critique. Ils déplorent la pratique, mais ne contestent jamais la théorie. Ils attendent surtout toujours plus de l’État démocratique. En un mot, dédain du gouvernement, mais dépendance accrue à son endroit. Le libre choix en politique ne peut fleurir que sous un régime de libre choix dans le marché.

[1][1]Illustré abondamment dans Micklethwait et Wooldridge, op. cit.

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Histoire de l’étatisme en Occident

Le 2 juillet 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Le défi politique majeur du Québec, plus que des autres provinces mais comme la plupart des pays d’Europe, est de régler la question de l’État omnivore. L’État en Occident est appelé à dégrossir, par suite du fait que la logique en place suscite le résultat alarmant qu’on connait, une crise fiscale en somme. L’Occident ne connait qu’un modèle depuis la deuxième guerre mondiale, surtout depuis les années 60, soit le gonflement incessant de l’État démocratique. L’égalité des chances est devenue l’égalité des résultats par l’insertion de l’État. L’histoire moderne depuis trois siècles n’a pas toujours suscité cet aboutissement. C’est au XVIIe siècle que l’occident a réalisé l’État nation centralisé. C’était l’époque du premier Léviathan, selon la désignation proposée par Thomas Hobbes. La démocratie libérale apparait et l’Ouest domine les autres régimes, politiquement et économiquement.

Fin du XVIIIe et XIXe siècle, les réformes libérales balaient la royauté et instaurent l’accountability, surtout en Grande-Bretagne. Sous la reine Victoria, la liberté et l’efficacité inspirent l’État. Les droits accaparés par l’État sont comprimés et le fonctionnarisme professionnel s’installe dans la santé et l’éducation, au point que les ressources prélevées par les pouvoirs publics baissent. Au XXe siècle, nonobstant la mondialisation, obstacle supposé au gonflement, et dans le souci déclaré d’améliorer le sort de tous les citoyens, les pays occidentaux inventent le «welfare state»; le reste du monde suit la tendance. Malgré les efforts de Milton Friedman et de Hayek[1][1] après la guerre pour freiner le gonflement de l’État, leur enseignement n’obtient pas un grand succès dans les pratiques effectives. Vers la fin de sa vie en 2004, Friedman en était conscient et formulait le sens de cette évolution dans une phrase expressive: « Après la deuxième guerre mondiale, l’opinion publique était socialiste mais la pratique reposait sur le marché libre; présentement l’opinion est pro marché libre, tandis que la pratique est nettement socialiste »[2][2].

De 1913 à 2011, la part du PIB absorbée par les pouvoirs publics passe de 7,5% à 41% aux USA, de 13 à 48% en Grande-Bretagne et de 10 à 47% dans les 13 pays les plus riches. Le gouvernement américain n’a connu que cinq surplus dans les 54 années depuis 1960; le gouvernement britannique, six depuis 1975. Un nombre élevé de pays portent une dette publique supérieure à 100 pour cent du PIB. A la fin de 2012, les 34 pays membres de l’OCDE étaient propriétaires, en tout ou en partie, de plus deux mille compagnies embauchant une main-d’œuvre de plus de six millions et dotées d’une valeur collective de 2 mille milliards. On estime que les gouvernements de ces mêmes pays détenaient des terres et des bâtiments évalués à neuf mille milliards. L’Institut  Économique de Montréal calcule en temps réel la croissance de la dette intégrale du secteur public du Québec. Il s’agit de la dette brute du gouvernement, à laquelle on ajoute la dette des réseaux de santé et d’éducation, des municipalités et des autres entreprises sous la responsabilité finale du gouvernement. En se basant sur les données fournies par le ministère des Finances dans son Plan budgétaire 2014-2015 (qui excluent la part de la dette fédérale qui revient au Québec), l’IÉDM en vient à estimer que la dette augmentera de 9,3 milliards $ d’ici le 31 mars 2015, ou de 25 millions $ par jour, ou de 17 670 $ par minute, ou de 294 $ par seconde. Elle se gonflera encore davantage dans les prochaines années, sous l’influence du vieillissement de la population. Les industries réseaux, tels le transport, l’électricité, les télécommunications, sont largement nationalisées, sous le douteux prétexte qu’elles constituent des biens collectifs ou des actifs stratégiques. C’est même sous la présidence du républicain George Bush, présumé favorable au rétrécissement de l’État, que les budgets publics américains gonflent le plus rapidement. Malgré la diffusion des services publics de santé et d’éducation, la productivité n’augmente que peu et le vieillissement de la population n’aide pas non plus. Au total, le processus d’explosion de l’État s’avère inhérent à la politique associée à la démocratie. La globalisation et la technologie parviendront-elles à transformer le secteur public. Certains y croient.[3][3] Nous nous en remettons quant à nous aux règles constitutionnelles.

Le Québec recule par rapport aux autres provinces depuis la révolution tranquille; cette évolution s’observe en matière de population, de PIB, et de main-d’œuvre. Le mouvement de la population et du PIB montre que dans l’économie d’une province intégrée à l’économie nationale, c’est dans les quantités plutôt que dans les prix et les revenus par habitant que les ajustements s’opèrent, sauf dans les prix du sol et des services locaux.  Parce que l’offre de sol est une ressource fixe, son prix augmente plus rapidement en Ontario qu’au Québec. Et l’ajustement se poursuit jusqu’à ce que le revenu réel par habitant converge vers le même niveau à travers les deux provinces. La divergence prononcée dans la croissance totale de chacune des deux provinces s’en est trouvée entièrement capitalisée dans le prix du sol et des services locaux. Grâce à la mobilité de la population et à la plus faible croissance de la population québécoise, les résidents québécois ont pu participer à la hausse du standard de vie canadien. Cette évolution comporte cependant un contrepoids: dans la mesure où les Québécois moins mobiles n’ont pas souffert de la baisse du revenu par habitant, dans la même mesure ils sont moins susceptibles de résister à l’envahissement étatique.

 

[1][1] Hayek, Friedrich A., The Road to Serfdom, The University of Chicago Press, 1944.
[2][2] Cité dans Burgin, Angus, The Great Persuasion: Reinventing Free Markets since the Depression, Harvard University Press, 2012, p. 223.
[3][3] Micklethwait, John et Adrian Wooldridge, The Fourth Revolution, The Penguin Press,            New-York, 2014.
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A compter des années 1960 au Québec, étatisme asservissant

Le 9 juin 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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On peut argumenter qu’au cours des années 60 le Québec s’est libéré d’un certain fondamentalisme religieux asservissant. Il s’est par contre assujetti à une idéologie plus asservissante que la ferveur qui a caractérisé sa foi religieuse traditionnelle. Cet asservissement a nom étatisme, contrôle de l’État. Cette évolution idéologique n’est pas unique au Québec. Le Canada dans son ensemble a opté pour un régime de bien-être public du berceau à la tombe. Mais au Québec, le mouvement en faveur de l’étatisation s’est tout simplement avéré plus prononcé qu’ailleurs au pays et en Amérique du Nord en général. En somme, le Québec a importé le modèle européen.

Relativement aux États-Unis, l’ensemble du Canada est devenu plus syndiqué, plus à l’abri de la concurrence étrangère; ses entreprises ont fait l’objet de subventions généralisées et le fardeau fiscal s’y est fortement alourdi (38.4% du PIB en 2011 contre 32,0% aux USA). On songe ici aux États-Unis traditionnels qui se sont faits les leaders mondiaux dans la promotion de la démocratie et du libre marché. Les sceptiques mettront en doute la récente évolution de ce pays comme promoteur de ces vertus. Les États-Unis se sont polarisés. Par exemple, de nombreux démocrates refusent de couper les dépenses, tandis qu’un grand nombre de républicains s’opposent à toute forme d’alourdissement du fardeau fiscal.

En 2012, le coût des campagnes électorales s’élevait à 6,3 milliards, deux fois le montant de l’an 2000. Près de 12000 lobbyists s’agitent à Washington à un coût de 2,4 milliards. La complexité des lois facilite l’insertion de privilèges spéciaux. En Grande-Bretagne, le membership des parties politiques est tombé de 20 pour cent de la population en âge de voter en 1950, à 1 pour cent. Ce mouvement universel s’est donc accompagné d’une perte de liberté individuelle dans tout l’Occident.

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Relation négative entre croissance économique et taille de l’État

Le 3 juin 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Quelle est la signification globale de notre démarche au Québec? La croissance n’est pas le produit d’une seule cause. De prétendre que sa triste évolution ne fait que refléter le déplacement de l’activité depuis le nord-est de l’Amérique du Nord vers le sud-ouest n’est qu’un faux-fuyant. L’Ontario a fait beaucoup mieux, du moins jusqu’à récemment et les Maritimes aussi. Autre facteur qui déculpabilise partiellement la politique québécoise: les transferts fédéraux aux provinces et aux municipalités. Les politiciens provinciaux et locaux n’ont pas toujours à taxer leurs électeurs pour se payer les services publics qu’ils valorisent. Ce sont souvent les politiciens fédéraux qui prélèvent les revenus qu’ils transfèrent aux provinces. La thèse que nous soumettons ici s’applique à tous les niveaux, même en régime fédéral.

Ce qui n’explique pas que le Québec se soit montré sensiblement plus fervent que les autres provinces dans sa foi dans les vertus étatistes. Nous rappellerons donc la cause déterminante de notre retard: les obstacles à la liberté de commercer découlant de la lourdeur du fisc et des régulations s’avèrent toujours fatales à la prospérité. Les études démontrent universellement que la relation entre le rythme de croissance de l’économie et la taille de l’État est négative.[1][1] Le Québec s’inscrit déjà  au dernier rang des 10 provinces et des 50 États américains en matière de fiscalité et de régulations. En 2008, le gouvernement québécois dépensait 28% du PIB provincial, l’Ontario, environ 20% et l’ensemble des provinces, 18%[2][2]. A près de 40% du PIB, le fardeau fiscal québécois se hissait au plus haut niveau, non seulement du Canada, mais de tous les pays de l’OCDE en 2006[3][3]. Sa dette brute atteignait 88% du PIB, contre 68% pour l’ensemble des juridictions canadiennes.[4][4] Les faits sont incontestables. Les modes d’intervention qui affectent les prix relatifs ont explosé depuis les années 60: subventions, taxes, tarifs douaniers, quotas, nationalisations, entreprises publiques, achats préférentiels, régulations sociales et prohibitions. Dans les années 50, la part du secteur public au Québec s’avérait inférieure à celle des autres provinces; dans les années 60, elle s’est gonflée pour atteindre une part de l’économie supérieure au reste du Canada. Cette évolution s’est maintenue depuis et s’observe encore aujourd’hui. La part des dépenses publiques dans l’économie québécoise est passée de 4% inférieure à la moyenne canadienne en 1961, à plus de 4% supérieure en 1978.[5][5] Elle atteignait 47,3% de l’ensemble du  Canada en 2009, soit de près de 9 points de pourcentage supérieure[6][6]. La fonction publique du Québec emploie le même nombre de personnes que la Californie.[7][7] On réalisera que le séparatisme est lui-même le sous-produit de cette foi dans le pouvoir de l’État de réaliser le bien commun. Ce mouvement, apparu dans les années 60 constitue une aspiration promue principalement par les intellectuels de gauche qui associent le progrès et la modernité à la planification d’État. Dans la promotion du français chez nous, la croyance est généralisée que la régulation est plus importante que la prospérité économique.

__________________

[1][1] J. Gwartney, R. Lawson et W. Easterly, Economic Freedom of the World, Annual Report, The Fraser Institute, Vancouver, 2006.
[2][2]Joanis et Godbout, Graphique 60.
[3][3] Joanis et Godbout, Graphique 51.
[4][4]M. Joanis et L. Godbout, p. 341.
[5][5] Statistique Canada, Provincial Economic Accounts 1961-1976 and Provincial Economic Accounts 1963-1978, Ottawa, Ministère des Approvisionnements et Services Canada, 1978 et 1981. On lira une analyse plus étendue de l’histoire économique du Québec dans Vincent Geloso, Du Grand Rattrapage au Déclin Tranquille, Les Éditions Accent Grave, 2013.
[6][6] K Treff and D. Ort, Finances of the Nation 2011, Table B.8, p. B-14, Canadian Tax Foundation 2012.
[7][7] Mark Steyn, « Is Canada’s Economy a Model for America? », Imprimis, janvier 2008, vol. 37, numéro 1.

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Rôle des investissements transfrontaliers et des multinationales

Le 27 mai 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Aux yeux des fanatiques de l’anti globalisation, les multinationales incarnent l’essence de «l’exploitation» capitaliste. La raison qu’ils invoquent est précisément ce qui fait leur force et ce  par quoi elles apportent la plus grande contribution au  bien-être des populations du monde sous-développé comme de nos économies industrialisées. Dans la perspective étatiste courante, tout ce qui gêne la discrétion des gouvernements nationaux et locaux est à déplorer. Or les multinationales, plus que leurs semblables locales, contrecarrent par leur mobilité le discrétionnaire des décisions publiques. A ce titre, elles représentent une force de résistance au poids de l’État.

Des 100 plus grandes économies du monde présent, il s’en trouve 47 qui sont des États nations. Les 53 autres sont des entreprises multinationales.  C’est ainsi qu’Exxon Mobil Corp., la  plus grande société mondiale par ses ventes, touche des revenus annuels supérieurs au PIB des 220 pays du monde, à l’exception des 20 plus grands d’entre eux. (Gabel et Bruner, 2003)  La population mondiale des multinationales atteignait les 62 000 unités en 2000, accroissement de neuf fois supérieur aux 7 258 unités qu’on recensait en 1969. Dans les cent ans qui ont précédé, leur nombre avait à peine triplé. Elles et leurs filiales embauchent 90 millions d’employés à travers le monde et versent plus de 1,2 mille milliards en taxes aux gouvernements. Les investissements étrangers directs ont explosé dans les 30 dernières années pour atteindre les 112 milliards de dollars, de 6 milliards qu’ils représentaient. Cet aboutissement résulte du progrès des communications, des relations bancaires et surtout de l’abaissement des tarifs douaniers.

Les multinationales possèdent deux caractéristiques, relativement à leurs contreparties nationales: elles sont plus efficaces, ce qui leur permet d’offrir des conditions plus avantageuses à leurs employés, et elles déplacent leurs investissements et les emplois plus allègrement en fonction de leur rentabilité. En Amérique comme en Asie, la probabilité de fermer boutique lorsque les conditions l’imposent est plus élevée  pour les multinationales que pour les firmes locales (de 20% en Indonésie et de 3% en Amérique). (Bernard et Sjoholm, www.nber.org/papers/w10039) Par l’effet de cette caractéristique, elles peuvent plus facilement se soustraire aux caprices des politiques nationales redistributionnistes. L’ensemble de la population a tout lieu de se réjouir de cette incidence. Les groupes d’intérêt qui s’alimentent aux budgets publics et les activistes s’en indignent.

Il faut savoir ce qu’ont en tête les activistes lorsqu’ils parlent de dictature «libérale» mondiale. Leur premier homme de paille réside dans la toute puissance de ces multinationales. La grande erreur initiale de la pensée reçue est de croire que les hommes d’affaires sont les premiers défenseurs de la libre entreprise. Le fait est que dans la mesure où les gens d’affaires s’engagent en politique, ils épousent comme les autres intervenants une version quelconque du redistributionnisme en faveur de groupes particuliers, quand ils ne se font pas carrément les promoteurs de l’alarmisme écologique fanatique. La position pro libre entreprise ne saurait se confondre à la thèse pro business. La plupart des anti globalistes de leur côté appartenant au secteur public ou aux monopoles syndicaux, ils n’ont pas idée de la force de la concurrence dans un monde global dynamique et novateur. La concentration industrielle diminue, et donc la concurrence s’intensifie avec la globalisation. Contrairement aux enseignements du célèbre fumiste que fut John Kenneth Galbraith dans les années 60 à 80, ni les entreprises ni les multinationales ne sont devenues plus puissantes que le marché. La moitié des firmes qui figuraient dans la liste de Fortune 500 en 1980 étaient disparues en 1990. Grâce à la réglementation d’État, les propriétaires de taxis de Sainte-Foy (et d’ailleurs) jouissent d’un pouvoir économique supérieur à la plus puissante des multinationales. Nous en voulons pour preuve le fait que le prix des services de taxi est de 40% et plus supérieur au coût de production. La valeur (artificielle) d’un permis s’établit autour de 75 000$. En d’autres termes, dans un marché non protégé, la valeur des permis tomberait à zéro et les prix de plus de 40%, sous la pression des nouveaux venus qui envahiraient leurs platebandes. Au Canada les salaires des syndiqués sont de plus de 30% supérieurs au salaire concurrentiel (de 18%, une fois normalisés); les prix agricoles réglementés, souvent de plus de 100% supérieurs au prix concurrentiel. À part dans les monopoles publics, on ne connaît pas de producteurs qui peuvent empocher en permanence une rente de cette ampleur.

La virulence de cette mixture d’intérêts de la gauche et des syndicats en particulier, qui manifestent contre le capitalisme mondial, témoigne du fait qu’ils ont perdu la guerre. Il faut s’en réjouir. Les manifestants de Seattle, de Québec et de Doha dirigeaient leurs attaques contre ce qu’ils percevaient comme la domination américaine. Toute cette engeance qui s’institue défenseur de notre bien-être sans invitation, manque ainsi la réalité d’une évolution fondamentale: S’il est vrai que 60% des plus grandes corporations du monde avaient leur base aux États-Unis en 1962, seulement 185 des 500 plus grosses multinationales ont aujourd’hui leur siège social dans ce pays. L’Union Européenne en compte 126, le Japon 108. La cimenterie mexicaine Cemex se range parmi les trois plus grandes.

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Protectionnisme et préjugés anti importation

Le 20 mai 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Malheureusement, au plan politique, l’ignorance rationnelle des gens suscitera la perception d’une asymétrie entre exportations et importations. La restriction à l’importation entraîne directement des effets positifs et concentrés dans l’industrie protégée, mais des effets diffus et négatifs pour les consommateurs et les exportateurs. Les gains d’emplois sont évidents, tandis que les pertes découlant de la baisse des exportations se distribuent à travers la multitude des industries touchées. Le coût est diffus parce que porté par les entreprises d’exportation et leurs employés, de même que par les consommateurs. Les industries victimes de l’importation éprouvent plus le souci d’appeler au redressement politique et obtiendront pour cette raison l’oreille attentive des politiciens. Les industries d’exportation victimes de pertes marginales d’emplois et les consommateurs qui paieront quelques dollars de plus pour leurs achats peuvent ne pas même s’en rendre compte. Donc peu d’incitation à organiser la résistance politique au protectionnisme. Dans l’affrontement entre les libre-échangistes et les protectionnistes, ces derniers partent gagnants dans l’arène politique.

B. Caplan (2007) interprète l’appui généralisé en faveur du protectionnisme comme une exception au principe de la domination fréquente des groupes d’intérêt. Il note que depuis 1976 le nombre de ceux qui jugent les tarifs douaniers nécessaires l’emportent de loin sur ceux qui sympathisent avec le libre-échange. Il constate de même que le protectionnisme agricole reste populaire à 58%. Quatre-vingt pour cent des Américains souhaitent la hausse du salaire minimum. Dans notre perspective, la fausse perception des votants relève de l’ignorance rationnelle. Elle explique, on s’en souvient, que l’appui à ces politiques s’inspire de la pensée groupiste et elle donne bonne conscience aux tenants de la pensée anti marché. Elle explique également qu’en l’absence d’une analyse rigoureuse inconciliable avec l’ignorance rationnelle, les gens sous-estimeront les bénéfices sociaux du libre marché, particulièrement en matière d’échanges internationaux et de marché du travail. De toute façon, le débat public sur chaque question reste invariablement dominé par les groupes d’intérêt eux-mêmes qui ne manquent pas d’investir temps et argent pour perpétuer ce biais.

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Sous-traitance à l’étranger

Le 13 mai 2016 par Jean-Luc Migué 1 commentaire

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La sous-traitance avec l’Inde et la Chine, dimension à la mode ces derniers temps, illustrera notre propos. A titre d’exemple, IBM projette de déplacer plus de 3 000 emplois de programmation en Chine, en Inde ou au Brésil. L’entreprise réalisera une économie de 168 millions par année à partir de 2006. Il s’agit là d’un exemple parmi des milliers d’autres qui marque l’évolution économique du Canada et des États-Unis. Or cette pratique inspire un mouvement contraire à l’enseignement unanime des économistes depuis plus de deux siècles. Le candidat démocrate à la présidence en faisait son cheval de bataille dans la campagne de 2004. L’échange international, surtout la sous-traitance, ferait obstacle à la prospérité! (Baumol, Blinder et Wolff, 2004) Une perspective plus pondérée ferait ressortir les deux côtés du bilan, dont les emplois gagnés en conséquence de la production de biens pour l’exportation.

Dans les années 1990, la technologie de l’information a suscité, à l’échelle globale, une poussée fantastique de la productivité dans le secteur manufacturier. C’est maintenant au tour des banques, des hôpitaux, des commerces de détail, de l’informatique, de l’industrie de la construction et en général des PME, d’en tirer la même leçon. Certains emplois de cols blancs se perdent par suite de la concurrence de l’Inde. Il s’agit surtout de services de centres d’appel téléphoniques, de télémarketing, de programmation primaire et de comptabilité. Sur les quelque 25 millions d’emplois qui sont créés en Amérique jusqu’en 2015, Forrester Research fixe le nombre de jobs exportés d’Amérique à 3,3 millions, la plupart dans les emplois d’écriture de codes informatiques (code writing). Il ne s’agit pas d’emplois de hautes qualifications high tech, de consultants en technologie de l’information. La sous-traitance se pratique depuis des siècles, mais ne forme qu’une part infime des emplois qui se créent et se détruisent à tout moment: les licenciements liés à  ce commerce n’expliquent pas 0,6% du chômage.

Le libre mouvement des services qualifiés qui se pratique par le système global de télécommunication ne diffère pas du libre échange de biens qui se fait sur les mers. Suivant les enseignements de la théorie du commerce, le processus de globalisation suscite la plus grande spécialisation du travail, abaisse les coûts et partant les prix chez nous, diffuse la technologie et les nouvelles pratiques et suscite l’investissement qui crée des emplois chez nous et hausse la productivité.

Les économies de 168 millions que réalisera IBM ne s’évaporeront pas dans l’espace. Elles serviront à abaisser le prix des services électroniques, à augmenter la R&D en Amérique, à hausser les profits, qui serviront eux-mêmes à faciliter la levée de capital pour le lancement de nouveaux produits. Certaines estimations chiffrent ainsi les bénéfices globaux qui découlent de l’importation de services à bon compte (McKinsey Global Institute) : chaque fois qu’une entreprise de chez nous dépense un dollar en sous-traitance en Chine ou en Inde, elle entraîne une baisse de 58 cents des coûts ou des prix de ce qu’on achète; elle vaut 5 cents aux détenteurs d’actions en profits accrus; des revenus supplémentaires de 5 cents proviennent des achats étrangers supplémentaires chez nous; et 45 cents proviennent du redéploiement productif de la main-d’œuvre. Au total, 1,12 dollar de gains, sans compter les avantages de 33 cents réalisés par les économies étrangères. L’effet n’est pas seulement diffus, il est indirect et va de la baisse des prix à l’expansion de la demande, suivie de l’expansion de la production, de l’emploi et des salaires. Il serait tout aussi logique de déplorer et de bannir toutes les sources de productivité accrue que les importations à bon marché, puisque la poussée de la productivité est la source de pertes d’emplois tout autant que l’importation de poignées de porte de Chine. Indépendamment de la sous-traitance, la révolution de la technologie de l’information a détruit l’emploi de milliers de commis et haussé en même temps les salaires des employés les plus qualifiés relativement aux moins qualifiés. On calcule que la fabrication des ordinateurs Dell en Chine explique de 10 à 30% de la baisse du prix du hardware dans les années 90, qui a contribué pour ,3% à la croissance annuelle de la production en Amérique.

Dans un marché du travail flexible, loin de comprimer l’emploi, les gains de productivité et l’importation le stimulent. Par l’effet de ces gains de productivité (surtout aux USA, à 2 fois sa moyenne historique de 2,1%), il se crée beaucoup plus d’emplois, et de bien payés, qu’il ne s’en détruit en Amérique. Le seul roulement des emplois aux USA entraîne de 7 à 8 millions de perte d’emplois par trimestre. De 1980 à 2 000, la population américaine a augmenté de 23,9%, l’emploi, de 37,4%. Dans les années 90, les emplois perdus se chiffraient à 8 millions; les emplois créés, à 24 millions. On peut même soutenir que s’il existe une économie au monde qui soutire des emplois au reste du monde, c’est bien l’économie américaine. En effet la contrepartie du déficit commercial des États-Unis prend la forme d’investissements étrangers dans ce pays. Or lorsque Honda, Toyota ou BMW ouvrent des usines aux États-Unis, ce sont autant d’emplois qui ne vont pas au Japon ou en Allemagne.

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Le plus haut taux de syndicalisation au Quebec

Le 6 mai 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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On doit donc lier notre performance désastreuse en matière d’emploi à la concentration de pouvoir dans les monopoles syndicaux découlant des lois sur les relations de travail. Au-delà de l’importance plus grande du secteur public dont nous avons fait état ci-dessus, c’est donc le biais systématique des lois québécoises du travail qui explique le taux de syndicalisation supérieur qu’on observe au Québec. Parmi les dispositions législatives qui ont contribué à consolider le monopole des syndicats, rappelons que le Québec est affublé du plus haut de syndicalisation en Amérique du Nord,  40% de la main-d’œuvre, (24,7% en Alberta et 28,3% en Ontario, 32,4% pour l’ensemble du Canada). En cette matière, le Québec occupe le dernier rang au Canada et le dernier en Amérique, 60e sur 60. Or les 5 territoires des États-Unis et du Canada marqués du plus haut taux de syndicalisation souffrent de niveaux de chômage de 78,5% supérieurs (taux de chômage de 8,5%) au taux caractéristique des  5 juridictions (taux de chômage de 4,7%) qui comptent les plus faibles taux de syndicalisation. Il en va de même de la sévérité et de la durée du chômage. Dans les 5 juridictions les plus syndiquées, 23 % des chômeurs souffraient de cette condition depuis plus de 27 semaines. C’était le cas de moins de 11,5% des chômeurs dans les juridictions les moins syndiquées, donc la moitié moins.

Cotisation syndicale obligatoire
La loi québécoise rend aussi obligatoire, sinon l’appartenance au syndicat de l’entreprise, du moins le paiement de la cotisation syndicale (formule Rand). Nonobstant les énoncés pieux des lois et les serments des milieux intellectuels, la liberté d’association en milieu de travail, c.-à-d. le syndicalisme libre n’existe pas chez nous.  C’est la monopolisation coercitive de la main-d’œuvre qu’on appelle  syndicalisme ; la contrainte est générale au Canada, mais de nombreux États américains reconnaissent légalement le droit au travail libre (Right-to-Work Legislation). Le Canada est le seul pays, avec l’Australie, à imposer sans restrictions la cotisation syndicale ou le membership syndical. Une fois qu’un syndicat est accrédité dans une entreprise ou une industrie entière, tous les employés sont régis par le syndicat, soumis à la cotisation et aux conditions spécifiées dans la convention, même les employés qui n’adhèrent pas au syndicat et qui voudraient offrir leurs services à des conditions différentes. L’employé jouit du droit de s’associer, mais pas du droit de ne pas s’associer.

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Autres formes de protectionnisme

Le 29 avril 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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On peut aller plus loin dans l’interprétation du protectionnisme. Posons d’abord que l’implantation du commerce libre hausse les salaires, c.-à-d. la rémunération du facteur le plus abondant qu’est le travail. Or les votants sont aussi des travailleurs. La démocratie semblerait donc conférer à une tranche élargie de la population le bénéfice de salaires accrus. On devrait prédire le recul du protectionnisme avec l’avènement du régime démocratique. Le fait est que depuis la deuxième guerre mondiale, les tarifs ont baissé. De 1981, année où le monde comptait une quarantaine de démocraties,  à 2003 où leur nombre avait plus que doublé, le tarif moyen des pays sous-développés a diminué de plus de la moitié, soit de 30% à moins de 15% (Kono 2006). Ce résultat reste trompeur. L’instrument tarifaire a sans doute reculé, mais les autres formes de protectionnisme mieux déguisées ont connu une recrudescence inégalée dans l’histoire. On les désigne souvent dans le monde politique comme des «sauvegardes», des instruments de protection sanitaire, du contingentement, des droits antidumping ou même des «restrictions volontaires à l’exportation». La réalité est que, si les barrières tarifaires ont baissé, les autres barrières ont gagné du terrain. Selon les calculs de Kono, la part des importations touchée par ces variétés de protectionnisme a gagné sept points en pour cent. Vingt pour cent des importations font l’objet de dispositions sanitaires, contre seulement neuf pour cent il y a vingt-cinq ans.

L’interprétation analytique de cette évolution reste la même: l’obscurité dans laquelle baignent ces outils protectionnistes dans l’esprit des masses. Kono les décrit comme des formes politiquement «optimales d’obscurité». La masse des votants peut à peine les distinguer dans le déluge d’interventions qui caractérisent les choix publics contemporains. Le politicien libre-échangiste pourra peut-être convaincre l’électorat que ses adversaires choisissent de frapper son lait ou sa voiture de tarifs qui lui valent des prix exorbitants dans ses achats. De discerner l’impact ou la signification d’une mesure sanitaire ou antidumping devient une démarche plus subtile. Peut-on raisonnablement s’élever contre une politique qui vise à protéger la santé et la sécurité publique? Qui oserait publiquement sacrifier la tortue marine dans les filets de pêcheurs au profit de crevettes moins chères?  Ces questions valent d’être posées, puisque les pays les plus soucieux de sécurité, de santé, de qualité et de pureté environnementale à la frontière, ne s’avèrent comme par hasard pas plus empressés d’appliquer les mêmes standards à l’intérieur. Dans la même veine, d’autres pays, comme le Mexique, se sont montrés particulièrement sévères à l’endroit du dumping pour gagner l’adhésion populaire au Traité de Libre-échange nord-américain.

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Catégorie(s) : Articles Étiqueté : bureaucratique, capitalisme, Commerce libre, gouvernement, industrialisation, influence politique, monopolisation, protectionnisme, votants

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JEAN-LUC MIGUÉ

Jean-Luc MiguéÉconomiste canadien. Maitrise de l’Université de Montréal. Ph.D. de The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Il a été professeur à l’Université Laval et est Professeur émérite à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Canadian economist. Master’s Degree, Université de Montréal. Ph.D., The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Was professor at Université Laval. Is now Professor Emeritus, École nationale d’administration publique, (ÉNAP) Quebec City.

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