Jean-Luc Migué, économiste Institut Fraser Profession émérite, ENAP Quebec

Senior Fellow, Institut Fraser et professeur émérite, ENAP - Senior Fellow, The Fraser Institute and professor Emeritus, ENAP, Québec.

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A compter des années 1960 au Québec, étatisme asservissant

Le 9 juin 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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On peut argumenter qu’au cours des années 60 le Québec s’est libéré d’un certain fondamentalisme religieux asservissant. Il s’est par contre assujetti à une idéologie plus asservissante que la ferveur qui a caractérisé sa foi religieuse traditionnelle. Cet asservissement a nom étatisme, contrôle de l’État. Cette évolution idéologique n’est pas unique au Québec. Le Canada dans son ensemble a opté pour un régime de bien-être public du berceau à la tombe. Mais au Québec, le mouvement en faveur de l’étatisation s’est tout simplement avéré plus prononcé qu’ailleurs au pays et en Amérique du Nord en général. En somme, le Québec a importé le modèle européen.

Relativement aux États-Unis, l’ensemble du Canada est devenu plus syndiqué, plus à l’abri de la concurrence étrangère; ses entreprises ont fait l’objet de subventions généralisées et le fardeau fiscal s’y est fortement alourdi (38.4% du PIB en 2011 contre 32,0% aux USA). On songe ici aux États-Unis traditionnels qui se sont faits les leaders mondiaux dans la promotion de la démocratie et du libre marché. Les sceptiques mettront en doute la récente évolution de ce pays comme promoteur de ces vertus. Les États-Unis se sont polarisés. Par exemple, de nombreux démocrates refusent de couper les dépenses, tandis qu’un grand nombre de républicains s’opposent à toute forme d’alourdissement du fardeau fiscal.

En 2012, le coût des campagnes électorales s’élevait à 6,3 milliards, deux fois le montant de l’an 2000. Près de 12000 lobbyists s’agitent à Washington à un coût de 2,4 milliards. La complexité des lois facilite l’insertion de privilèges spéciaux. En Grande-Bretagne, le membership des parties politiques est tombé de 20 pour cent de la population en âge de voter en 1950, à 1 pour cent. Ce mouvement universel s’est donc accompagné d’une perte de liberté individuelle dans tout l’Occident.

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Catégorie(s) : Articles Étiqueté : étatisme, gouvernement, subvention, syndicalisme

Rôle des investissements transfrontaliers et des multinationales

Le 27 mai 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Aux yeux des fanatiques de l’anti globalisation, les multinationales incarnent l’essence de «l’exploitation» capitaliste. La raison qu’ils invoquent est précisément ce qui fait leur force et ce  par quoi elles apportent la plus grande contribution au  bien-être des populations du monde sous-développé comme de nos économies industrialisées. Dans la perspective étatiste courante, tout ce qui gêne la discrétion des gouvernements nationaux et locaux est à déplorer. Or les multinationales, plus que leurs semblables locales, contrecarrent par leur mobilité le discrétionnaire des décisions publiques. A ce titre, elles représentent une force de résistance au poids de l’État.

Des 100 plus grandes économies du monde présent, il s’en trouve 47 qui sont des États nations. Les 53 autres sont des entreprises multinationales.  C’est ainsi qu’Exxon Mobil Corp., la  plus grande société mondiale par ses ventes, touche des revenus annuels supérieurs au PIB des 220 pays du monde, à l’exception des 20 plus grands d’entre eux. (Gabel et Bruner, 2003)  La population mondiale des multinationales atteignait les 62 000 unités en 2000, accroissement de neuf fois supérieur aux 7 258 unités qu’on recensait en 1969. Dans les cent ans qui ont précédé, leur nombre avait à peine triplé. Elles et leurs filiales embauchent 90 millions d’employés à travers le monde et versent plus de 1,2 mille milliards en taxes aux gouvernements. Les investissements étrangers directs ont explosé dans les 30 dernières années pour atteindre les 112 milliards de dollars, de 6 milliards qu’ils représentaient. Cet aboutissement résulte du progrès des communications, des relations bancaires et surtout de l’abaissement des tarifs douaniers.

Les multinationales possèdent deux caractéristiques, relativement à leurs contreparties nationales: elles sont plus efficaces, ce qui leur permet d’offrir des conditions plus avantageuses à leurs employés, et elles déplacent leurs investissements et les emplois plus allègrement en fonction de leur rentabilité. En Amérique comme en Asie, la probabilité de fermer boutique lorsque les conditions l’imposent est plus élevée  pour les multinationales que pour les firmes locales (de 20% en Indonésie et de 3% en Amérique). (Bernard et Sjoholm, www.nber.org/papers/w10039) Par l’effet de cette caractéristique, elles peuvent plus facilement se soustraire aux caprices des politiques nationales redistributionnistes. L’ensemble de la population a tout lieu de se réjouir de cette incidence. Les groupes d’intérêt qui s’alimentent aux budgets publics et les activistes s’en indignent.

Il faut savoir ce qu’ont en tête les activistes lorsqu’ils parlent de dictature «libérale» mondiale. Leur premier homme de paille réside dans la toute puissance de ces multinationales. La grande erreur initiale de la pensée reçue est de croire que les hommes d’affaires sont les premiers défenseurs de la libre entreprise. Le fait est que dans la mesure où les gens d’affaires s’engagent en politique, ils épousent comme les autres intervenants une version quelconque du redistributionnisme en faveur de groupes particuliers, quand ils ne se font pas carrément les promoteurs de l’alarmisme écologique fanatique. La position pro libre entreprise ne saurait se confondre à la thèse pro business. La plupart des anti globalistes de leur côté appartenant au secteur public ou aux monopoles syndicaux, ils n’ont pas idée de la force de la concurrence dans un monde global dynamique et novateur. La concentration industrielle diminue, et donc la concurrence s’intensifie avec la globalisation. Contrairement aux enseignements du célèbre fumiste que fut John Kenneth Galbraith dans les années 60 à 80, ni les entreprises ni les multinationales ne sont devenues plus puissantes que le marché. La moitié des firmes qui figuraient dans la liste de Fortune 500 en 1980 étaient disparues en 1990. Grâce à la réglementation d’État, les propriétaires de taxis de Sainte-Foy (et d’ailleurs) jouissent d’un pouvoir économique supérieur à la plus puissante des multinationales. Nous en voulons pour preuve le fait que le prix des services de taxi est de 40% et plus supérieur au coût de production. La valeur (artificielle) d’un permis s’établit autour de 75 000$. En d’autres termes, dans un marché non protégé, la valeur des permis tomberait à zéro et les prix de plus de 40%, sous la pression des nouveaux venus qui envahiraient leurs platebandes. Au Canada les salaires des syndiqués sont de plus de 30% supérieurs au salaire concurrentiel (de 18%, une fois normalisés); les prix agricoles réglementés, souvent de plus de 100% supérieurs au prix concurrentiel. À part dans les monopoles publics, on ne connaît pas de producteurs qui peuvent empocher en permanence une rente de cette ampleur.

La virulence de cette mixture d’intérêts de la gauche et des syndicats en particulier, qui manifestent contre le capitalisme mondial, témoigne du fait qu’ils ont perdu la guerre. Il faut s’en réjouir. Les manifestants de Seattle, de Québec et de Doha dirigeaient leurs attaques contre ce qu’ils percevaient comme la domination américaine. Toute cette engeance qui s’institue défenseur de notre bien-être sans invitation, manque ainsi la réalité d’une évolution fondamentale: S’il est vrai que 60% des plus grandes corporations du monde avaient leur base aux États-Unis en 1962, seulement 185 des 500 plus grosses multinationales ont aujourd’hui leur siège social dans ce pays. L’Union Européenne en compte 126, le Japon 108. La cimenterie mexicaine Cemex se range parmi les trois plus grandes.

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Le plus haut taux de syndicalisation au Quebec

Le 6 mai 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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On doit donc lier notre performance désastreuse en matière d’emploi à la concentration de pouvoir dans les monopoles syndicaux découlant des lois sur les relations de travail. Au-delà de l’importance plus grande du secteur public dont nous avons fait état ci-dessus, c’est donc le biais systématique des lois québécoises du travail qui explique le taux de syndicalisation supérieur qu’on observe au Québec. Parmi les dispositions législatives qui ont contribué à consolider le monopole des syndicats, rappelons que le Québec est affublé du plus haut de syndicalisation en Amérique du Nord,  40% de la main-d’œuvre, (24,7% en Alberta et 28,3% en Ontario, 32,4% pour l’ensemble du Canada). En cette matière, le Québec occupe le dernier rang au Canada et le dernier en Amérique, 60e sur 60. Or les 5 territoires des États-Unis et du Canada marqués du plus haut taux de syndicalisation souffrent de niveaux de chômage de 78,5% supérieurs (taux de chômage de 8,5%) au taux caractéristique des  5 juridictions (taux de chômage de 4,7%) qui comptent les plus faibles taux de syndicalisation. Il en va de même de la sévérité et de la durée du chômage. Dans les 5 juridictions les plus syndiquées, 23 % des chômeurs souffraient de cette condition depuis plus de 27 semaines. C’était le cas de moins de 11,5% des chômeurs dans les juridictions les moins syndiquées, donc la moitié moins.

Cotisation syndicale obligatoire
La loi québécoise rend aussi obligatoire, sinon l’appartenance au syndicat de l’entreprise, du moins le paiement de la cotisation syndicale (formule Rand). Nonobstant les énoncés pieux des lois et les serments des milieux intellectuels, la liberté d’association en milieu de travail, c.-à-d. le syndicalisme libre n’existe pas chez nous.  C’est la monopolisation coercitive de la main-d’œuvre qu’on appelle  syndicalisme ; la contrainte est générale au Canada, mais de nombreux États américains reconnaissent légalement le droit au travail libre (Right-to-Work Legislation). Le Canada est le seul pays, avec l’Australie, à imposer sans restrictions la cotisation syndicale ou le membership syndical. Une fois qu’un syndicat est accrédité dans une entreprise ou une industrie entière, tous les employés sont régis par le syndicat, soumis à la cotisation et aux conditions spécifiées dans la convention, même les employés qui n’adhèrent pas au syndicat et qui voudraient offrir leurs services à des conditions différentes. L’employé jouit du droit de s’associer, mais pas du droit de ne pas s’associer.

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Autres restrictions syndicales et salariales au Québec

Le 7 avril 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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La loi québécoise rend l’accréditation d’un syndicat plus facile que dans la plupart des provinces: mise en branle du processus dès que 35% (50% dans d’autres provinces) des employés ont acquis une carte de membre, pas de vote secret nécessaire, et accréditation automatique dès que 50% des employés détiennent une carte de membre. L’accréditation est aussi plus facile que la désaccréditation, en ce qu’alors le vote secret devient nécessaire.

Contrairement à la moitié des provinces, le recrutement d’employés au cours d’une grève est interdit et la réembauche garantie à la fin du conflit (loi anti scabs). La seule insertion dans les règles de convention collective d’une disposition anti-briseurs de grève multiplie de 13% le nombre de grèves (Cramton et Tracy, 1995). Dans les années 90, les employés canadiens sont allés 6 fois plus en grève que leurs contreparties américaines. Les grèves durent plus longtemps aussi et coûtent 2 millions de dollars de plus par grève. Le piquetage secondaire en cas de grève (chez un fournisseur ou un client commercial) est permis, bien que sujet à la discrétion d’une cour de justice; il est interdit en Alberta et en C.-B.;

L’employeur québécois doit donner au syndicat un avis d’implantation de changements technologiques, au grand détriment de l’innovation et de l’investissement; c’est le cas de quatre autres provinces seulement. Contrairement à quatre autres provinces, en cas de litige dans l’application de la convention collective, l’arbitrage est immédiatement obligatoire et exécutoire, sans possibilité d’autres recours;

En matière d’emplois syndiqués dans le secteur public, à 18,5 % de l’emploi total (14,3% en Alberta, 13,9 % en Ontario), c’est à la 53e place que se classe le Québec. Par l’effet de monopolisations publiques d’industries entières, plus marquées au Québec, comme l’éducation, les services municipaux et la santé, la centralisation des négociations dans le secteur public confère un pouvoir illimité aux monopoles syndicaux.

Le Québec paie le plus haut salaire minimum (relativement au PIB par tête) au Canada et en Amérique du Nord. C’est le chômage des moins qualifiés qui écope. D’autres contraintes légales sont exclusives au Québec, comme l’extension des décrets dans des dizaines d’industries, qui, à l’exemple des pratiques françaises, élargissent le pouvoir du syndicat à l’ensemble de la province en uniformisant les conditions de travail.

Monopole syndical et évolution de l’investissement en R&D

Une fois implanté, l’investissement en R&D devient immobile, en ce qu’il en coûterait prohibitivement cher de le déplacer. Le capital ainsi immobilisé devient l’objet de chantage de la part du monopole syndical qui cherchera à s’approprier le rendement de l’investissement en R&D, sous forme de salaires accrus et de conditions améliorées. Pour s’en défendre les employeurs comprimeront à long terme leurs investissements en R&D. Une récente étude (Betts, Odgeros, et Wilson, 2001) confirme cette prédiction en établissant une relation négative étroite entre le taux d’investissement en R&D d’une part (dépenses de R&D/unité d’output) et le degré de syndicalisation dans 13 industries canadiennes, entre 1968 et 1986.  Le Canada se situe désormais au 14e rang des 27 pays de l’OCDE en matière de taux d’investissement en R&D. Un taux moyen de syndicalisation au Canada s’accompagne d’une baisse de 28 à 50% des dépenses de R&D. Dans une industrie donnée, la R&D tombe de 40% quand on passe de l’entreprise moins syndiquée (25e rang percentile) à l’entreprise plus syndiquée (75e rang). Ultimement, c’est la croissance économique générale qui en souffre.

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Catégorie(s) : Articles Étiqueté : alarmiste, classe moyenne, économie, gouvernement, partis politiques, pouvoirs publics, syndicalisme

Emploi public et syndicalisation

Le 4 février 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Autre aboutissement de la monopolisation publique de la production: la part de l’emploi public dans l’ensemble de la main-d’œuvre constitue un déterminant important de l’ampleur de la syndicalisation. Ainsi au Canada comme aux États-Unis le taux de syndicalisation s’avère nettement plus élevé dans le secteur public que privé. En 2003, 75,6% des employés du secteur public canadien étaient syndiqués, contre 19,9% du secteur privé. De même, 41,5% des employés des gouvernements américains appartenaient à un syndicat, contre 9% des employés des firmes privées. On peut donc se convaincre que l’importance relative de l’emploi public, à 18% au Canada plutôt qu’à 14,4% aux États-Unis, explique en bonne partie le plus fort taux de syndicalisation au Canada.

Si on appliquait le même raisonnement à la situation du Québec, où 40% de la main-d’œuvre est syndiquée, on comprendrait pourquoi le taux de syndicalisation dans ce territoire l’emporte sur les autres provinces. On comprendrait qu’il vaille la peine pour la Centrale des enseignants du Québec (CEQ) de diffuser largement auprès de ses membres et dans la population en général les avantages qu’ils ont à retirer de la formation d’un monopole public de l’éducation, tandis que les parents et les contribuables ont moins à gagner à prendre conscience du fardeau fiscal supplémentaire et de la baisse de qualité qui s’ensuivront. Au prix de quelques centaines de dollars par année imposés à la masse des parents contribuables, chacun des enseignants encaissera des milliers de dollars supplémentaires en salaires accrus et en conditions de travail avantageuses. L’ardeur des associations d’éducateurs du réseau public à lutter pour la suppression de la concurrence et contre la liberté de choisir l’école est solidement documentée. La bureaucratie scolaire locale et centrale s’associera allègrement à ce combat. Il ne fait pas de doute que les monopoles syndicaux opposeront une résistance farouche à toute tentative de restaurer la concurrence dans l’industrie de la santé. Ils préfèrent négocier avec un monopole d’État, à l’abri du risque de faillite et de la concurrence, qu’avec un employeur soumis aux risques du marché et déterminé à résister aux demandes excessives du syndicat.

Surutilisation du travail au détriment du capital

L’un des effets généraux associés au monopole public et à son pendant le monopole syndical est qu’il concentre relativement plus de ressources productives dans le travail que dans le capital. (Megginson, et Netter, 2001). Puisque les frais de personnel et les effectifs sont incompressibles dans un régime de « droit » au travail, c’est dans les budgets d’équipement que s’opèrent les rationnements les plus marqués, comme en témoigne la position peu enviable du Canada ou de la France en matière d’accès aux technologies médicales avancées et de longueur des files d’attente.

On prétend parfois que le monopole d’État sert au moins à contrôler les coûts via l’imposition de contraintes à la capacité. La composante travail ou budget salarial reste, elle, constamment excessive. L’hôpital canadien moyen affecte environ 75% de son budget global au salaire, l’hôpital français 70%, tandis que l’hôpital américain affecte moins de 55% à ce poste (McArthur, 2000). En même temps les syndiqués non spécialisés dans les services de santé (entretien, électriciens, plombiers, etc.) touchent des salaires supra concurrentiels, supérieurs à leur contrepartie dans le marché. En comparant les salaires des syndiqués d’hôtellerie à ceux des syndiqués d’hôpital, on découvre que les ouvriers d’entretien gagnent 40% plus cher à l’hôpital, les peintres, 63,3% et les cuisiniers, 28,9%. C’est dans des dimensions spécifiques que les dépenses de santé ont le plus augmenté, soit les dimensions les plus favorables à la promotion des intérêts syndiqués, au détriment par exemple des dépenses d’investissement, d’équipement de haute technologie et de médicaments nouveaux (McMahon, et  Zelder, 2002). Pourtant c’est de ce côté que les bienfaits semblent le plus visibles sur les patients.

Le biais n’est pas exclusif à la santé. On se souviendra des déclarations du Secrétaire général de l’OTAN qui n’hésitait pas à affirmer que l’Europe sous investit en équipement et technologie militaire au profit du personnel et des fonctionnaires bénéficiaires de programmes d’emploi et qui n’ont souvent de militaires que le nom. La conséquence en est que l’Europe dépense les deux tiers du budget que le gouvernement américain affecte à la défense, mais n’atteint que 10% de sa capacité de combat.

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Catégorie(s) : Socio-politique Étiqueté : classe moyenne, économie, gouvernement, pouvoirs publics, Québec, société, syndicalisme, syndicat

Profit de monopole aux syndiqués par l’étatisation

Le 28 janvier 2016 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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La monopolisation de la production suscite l’apparition d’une rente, d’un profit, d’un surplus que quelqu’un voudra s’approprier. L’apparition de surplus suscite la convoitise. Elle donne lieu à ce que l’économiste désigne comme la course aux rentes, de la part de toutes sortes d’intérêts qui gravitent autour de l’industrie monopolisée.

L’une des constantes observées dans l’histoire de la monopolisation sectorielle veut que la cartellisation d’un secteur d’activité par l’étatisation favorise la monopolisation syndicale, c.-à-d. l’apparition d’un cartel des acteurs, soucieux de s’approprier sa part du surplus découlant de la concentration accrue de la structure de production.

Le principal obstacle à la modernisation de l’État réside souvent dans les syndicats du secteur public, qu’il s’agisse des enseignants, chez nous comme aux États-Unis ou des travailleurs du rail en France. En raison de sa structure centralisée, à l’image des vieilles entreprises industrielles, les firmes publiques sont plus faciles à organiser pour un monopole syndical que leur contrepartie privée. On a pu observer cette implication de l’analyse dans les secteurs de l’éducation, de la construction, du transport, de la santé, des télécommunications, de l’agriculture et ailleurs.

Dans certains cas, c’est le législateur lui-même qui a imposé la formation d’un monopole professionnel de représentation, comme dans l’éducation, la santé, l’agriculture et les corporations professionnelles. Le syndicalisme est devenu, au Québec et ailleurs, un phénomène étatique. Alors qu’un employé du secteur privé sur cinq appartient à un monopole syndical au Canada, le pourcentage grimpe à trois sur quatre dans le secteur public.

Le dénominateur commun de la plupart des grèves qu’on observe au Canada est qu’elles surviennent dans le secteur public. Il ne se passe pas d’années sans qu’on soit témoin ou victime d’une grève des enseignants, des infirmières, des fonctionnaires, des diffuseurs de Radio-Canada, quelque part au Canada. Pas étonnant puisque le gros des monopoles syndicaux s’observe dans le secteur public.

Dans l’ensemble du pays, les employés publics comptent pour 18% de la main-d’œuvre mais pour plus de la moitié des jours perdus en grève dans une année type. Certains analystes estiment même que la production publique devient dans ce contexte, non  pas une activité au service de la population consommatrice, mais plutôt une machine à fabriquer des jobs et des conditions favorables aux syndiqués. (R. Breton, 1999).

Que se passe-t-il dans les secteurs ainsi cartellisés?  En l’absence de monopolisation du secteur, la menace toujours constante d’apparition d’employeurs libres de syndicats sert de frein aux demandes syndicales.  La crainte d’attirer des producteurs concurrents, advenant que les salaires et donc les prix s’élèvent démesurément dans les firmes syndiquées, contribue à modérer les ambitions du monopole syndical.

Par contre, si l’étatisation limite l’entrée de producteurs concurrents, la contrainte au gonflement des salaires s’en trouve supprimée aux yeux du monopole syndical. La poussée des salaires et la compression de l’emploi suivent par la force des choses. En général, les salaires des syndiqués du secteur public, composantes importantes du coût ou du prix, montent plus rapidement que ceux du secteur privé. (Ferris et West, 1999).

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JEAN-LUC MIGUÉ

Jean-Luc MiguéÉconomiste canadien. Maitrise de l’Université de Montréal. Ph.D. de The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Il a été professeur à l’Université Laval et est Professeur émérite à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Canadian economist. Master’s Degree, Université de Montréal. Ph.D., The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Was professor at Université Laval. Is now Professor Emeritus, École nationale d’administration publique, (ÉNAP) Quebec City.

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