Jean-Luc Migué, économiste Institut Fraser Profession émérite, ENAP Quebec

Senior Fellow, Institut Fraser et professeur émérite, ENAP - Senior Fellow, The Fraser Institute and professor Emeritus, ENAP, Québec.

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Représentation géographique et financement public des partis

Le 20 mai 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-FinancemPublic

Représentation géographique

Dans nos régimes démocratiques, les votants ne choisissent pas les membres du parlement à partir d’une liste exhaustive unique de candidats, où ceux qui recueillent le plus de voix dans le pays ou la province (ou la municipalité) sont portés à l’assemblée législative comme représentants. Le pays ou la province sont plutôt divisés en aires de scrutin plus petites (les circonscriptions électorales), et les citoyens votent pour des candidats différents dans chaque circonscription.

La formule offre certains avantages, dont en particulier celui de représenter plus clairement les différents territoires géographiques et aussi de donner plus de poids aux tiers partis et aux indépendants. Elle comporte aussi ses travers que nous ne manquerons pas de faire ressortir ultérieurement. C’est ainsi que les projets d’intérêt strictement locaux en viennent souvent à dominer les décisions publiques, amplifiant encore plus la poussée des dépenses publiques et des taxes.

 Financement public des partis

L’analyse économique démontre hors de tout doute que le mode public de financement des partis et la régulation qui l’accompagne exercent une influence décisive en faveur des partis en place et donc contre les concurrents potentiels.[1] C’est du rationnement de la parole qu’il s’agit. Ainsi, la formule a pu modifier la « stratégie » des électeurs fédéraux aux élections de 2004.

Avant l’implantation du financement coercitif des partis, un électeur Conservateur du Québec, conscient que son candidat préféré n’avait aucune chance de l’emporter, aurait pu choisir de voter stratégiquement et appuyer le Libéral, pour barrer la route au Bloc Québécois qu’il abhorre encore plus. Mais il se trouve qu’au Canada à partir de 2004, chaque vote au-delà de 2% vaut 1,75$ au parti qui les recueille. En votant stratégiquement pour le parti Libéral, notre électeur aurait facilité le financement du parti qu’il n’aime pas et lui aurait fourni des armes contre son parti préféré aux élections suivantes. Il hésitera davantage à « gaspiller » son vote et appuiera plus probablement le candidat Conservateur. La mécanique électorale constitue un vaste champ d’analyse. Les modalités particulières du processus électoral et législatif ne sont pas neutres, mais elles ne sauraient modifier les tendances de fonds qui constituent l’objet de notre démarche.

[1] Lire Palda, Filip, Un combat à armes inégales, Institut Fraser, 1992 et Boucher, Michel et Filip Palda, Ici, le peuple gouverne, Les Éditions Varia, Montréal, 2000, chap. 7, pour saisir la signification de cette formule dans le contexte canadien.

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Catégorie(s) : Socio-politique

Autres considérations sur le régime de représentation proportionnelle

Le 13 mai 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Regime

Le trait distinctif de notre régime est que ce sont les citoyens de chaque circonscription qui choisissent l’individu qui les représentera au parlement. Sous la règle de la représentation proportionnelle par contre, les citoyens n’élisent pas un représentant spécifique dans chaque circonscription. En fait, ils ne votent pas pour le candidat de leur choix. Ils déposent plutôt deux votes, dont l’un en faveur d’un parti politique qui, comme ses concurrents, aura offert sa liste de candidats à l’appui des votants.

Plus le parti obtient de votes dans un territoire, plus le nombre de candidats élus est grand pour le parti. Ce qui signifie que les candidats placés en tête de liste sont presque assurés de leur élection. C’est donc le parti plutôt que l’électorat qui détermine l’ordre de la liste des candidats. Il s’avère souvent impossible pour les votants d’expulser un leader impopulaire, un ministre ou quelque autre politicien éminent mais détesté. On comprend donc que la formule obtienne l’oreille attentive des partis, surtout des partis marginaux qui moyennant 5 ou 10% d’appui peuvent désormais participer à l’exercice du pouvoir. Elle s’avère aussi populaire auprès des activistes des partis établis, qui obtiennent ainsi à la place des électeurs le pouvoir de définir la composition du parlement. Les fétiches à la mode, dont le nombre de femmes, la composante ethnique, religieuse ou l’orientation sexuelle, ont alors plus de chance de s’exprimer explicitement à l’assemblée des élus. Il importe enfin de souligner que la proportionnelle n’a nulle part remédié à la désaffection de la population vis-à-vis du système politique et qui s’exprime dans la chute constante du taux de participation au scrutin. Comme le prouve le rapport d’une commission britannique[1], le phénomène de désillusion est commun aux pays d’Europe régis par la proportionnelle et aux régimes régis par le vote uninominal.

Dans cette perspective, le projet de représentation proportionnelle avancé en 2005 en Colombie Britannique comportait certaines particularités qui avaient spécifiquement pour objet d’atténuer ces risques. Entre autres, l’identité des candidats choisis pour représenter les circonscriptions n’aurait pas été désignée à partir d’une liste établie par le parti, mais par les électeurs eux-mêmes grâce à leur vote transférable qui aurait classé les candidats dans l’ordre de leurs préférences (1, 2, 3) (à l’exemple de l’Irlande). Les votants auraient donc voté pour des candidats, non pas pour des partis; la représentation locale aurait été sauvegardée. Le statut du député y aurait gagné au détriment du parti, celui du challenger au détriment du candidat en place, et sans doute d’une façon générale, le statut du votant au détriment de la classe politique. Peut-être s’avère-t-il possible d’avoir les avantages de la représentation proportionnelle, sans pour autant souffrir de l’instabilité italienne ou israélienne.

Dans une perspective plus fondamentale et à plus long terme, il est pertinent de rappeler le trait suivant des régimes électoraux de l’histoire démocratique : Les pays régis par le régime uninominal ont au cours de l’histoire fait preuve d’une plus grande stabilité que les pays où la proportionnelle avait cours. On le conçoit aisément, en ce que la proportionnelle favorise la fragmentation des partis en une gamme de camps idéologiques, ce qui suscite plus directement l’intolérance et l’extrémisme. La France en est peut-être la plus claire illustration, elle qui en est revenue d’ailleurs au régime uninominale (à deux tours cependant) aux élections nationales. La république Weimar en Allemagne était le produit de la représentation proportionnelle et n’a pas su résister à la montée du nazisme. Il faut dire en contrepartie que, sous un régime de représentation proportionnelle, l’Allemagne a connu un demi siècle de performance économique exceptionnelle après la guerre. On ne peut pas dire non plus que des pays comme la Suède, l’Irlande, la Suisse, la Nouvelle-Zélande ou l’Allemagne souffrent de gouvernements trop faibles. Les démocraties américaine, britannique et même canadienne ont fait preuve de plus de résilience dans la résolution des plus graves crises. Sans compter qu’aux yeux de l’économiste, la stabilité s’avère la condition indispensable au maintien et à l’importation du capital indispensable à la croissance. Il n’est peut-être pas exagéré d’affirmer que c’est partiellement la stabilité des régimes qui explique que les pays anglo-saxons aient connu les économies les plus ouvertes au monde. Reconnaissons par contre que la démocratie américaine fonctionne souvent comme un gouvernement de coalition, où les budgets et les initiatives législatives doivent régulièrement recueillir l’appui des deux partis dans les deux Chambres.

[1] Independent Commission to Review Britain’s Experience of PR Voting Systems. The Constitution Unit, Londres 2003.

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Catégorie(s) : Socio-politique Étiqueté : candidats, partis politiques, politique, Québec, régimes électoraux, société, système politique

Gouvernement de coalitions et gonflement des budgets en régime de représentation proportionnelle

Le 6 mai 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-democr

Le théorème du votant médian tient dans tous les régimes démocratiques. Il y a lieu cependant d’insérer ici le rôle distinctif des modalités institutionnelles particulières des systèmes démocratiques en place. Mentionnons le sens de la représentation proportionnelle, commune en Europe, plutôt qu’uninominale à un tour qui caractérise les systèmes en Amérique du Nord et dans le monde anglo-saxon en général.

Au Canada, dont on dit qu’il représente un cas de dictature électorale en raison de la discipline de parti et parce qu’il confère un pouvoir illimité aux premiers ministres et aux cabinets, cinq provinces, dont le Québec, ont mis à l’étude des projets de réformes électorales allant dans ce sens. Le principe de la représentation proportionnelle aux votes obtenus a été récemment retenu par un groupe de citoyens choisis à seule fin de proposer un régime électoral pour la Colombie-Britannique. Les propositions du groupe, soumises intégralement à l’approbation de l’électorat dans un référendum qui coïncidait avec l’élection provinciale, ont cependant été rejetées mais de justesse. Il n’est pas inopportun de souligner au départ que ce système ne répond pas chez nous à un mouvement de masse en sa faveur, mais davantage au messianisme des activistes politiques et des organisateurs de partis. La confusion et le chaos qui ont suivi l’élection de 2005 en Allemagne et de 2006 en Israël, n’ont pas manqué de refroidir les ardeurs même des plus ardents adeptes de la représentation proportionnelle.

Le régime actuel favorise le bipartisme en ce qu’il réduit l’importance des groupes marginaux et des tiers partis dans les décisions politiques. C’est là le reproche essentiel qu’on formule à son endroit. On peut tous identifier des gouvernements majoritaires, élus non seulement par un vote minoritaire, mais qui comptaient moins d’appui électoral qu’un parti rival. Si la représentation proportionnelle présidait à la formation du parlement, le Canada et la plupart des provinces seraient vraisemblablement gouvernés par des coalitions ou par des gouvernements minoritaires. Le biais des gouvernements minoritaires ne neutralise pas pour autant la convergence vers le centre de la distribution. Les politiques de chaque parti peuvent ne pas converger vers le centre, mais les politiques que les coalitions combineront pour maintenir le gouvernement en place, elles, convergeront. Au lieu de se faire au sein des partis, du Cabinet ou des caucus, la négociation entre les groupes d’intérêt se ferait au Parlement même. Soit dit en passant, la multiplicité des partis au gouvernement ne suscite en rien la multiplicité des choix qu’on observe dans le marché. C’est plutôt le contraire qui en découle. Les partis politiques membres de la coalition s’entendent pour partager le pouvoir et convenir d’une politique commune, non pas pour multiplier les variétés de services.

Chaque mode de scrutin n’en comporte pas moins ses incidences particulières. Les alliances conclues entre les partis sous un régime proportionnel conféreraient un pouvoir accru aux partis marginaux qui réclameraient des lois favorables à leurs membres en retour de leur appui au gouvernement en place. On peut concevoir un législateur élu par 1% de la population et qui dicterait une loi qui régirait les 99 autres. Le parti nazi, avec 18% du vote populaire, a pu contrôler le gouvernement allemand en 1930. C’est après l’avènement de la proportionnelle que le Front National a pu s’imposer comme alternative possible en France. L’un et l’autre de ces aboutissements favorisent l’instabilité des gouvernements; Israël n’a jamais eu de gouvernement majoritaire et le gouvernement italien est tombé en moyenne chaque année. La proportionnelle entraîne aussi la croissance des budgets en ce que le grand parti cherchera à apaiser son ou ses partenaires dans la coalition. L’influence accrue conférée aux groupes marginaux consolide le pouvoir des groupes d’intérêt circonscrits. La proportionnelle bannit à toute fin pratique la formation de gouvernements majoritaires dirigés par un seul parti. Elle donne plutôt lieu au regroupement d’une collection de groupes d’intérêt. Le maquignonnage typique de tous les régimes démocratiques est amplifié par la proportionnelle. Les groupes marginaux accroissent ainsi leur pouvoir d’imposer leurs préférences à l’ensemble de la population qui les a rejetés à l’élection. On conçoit facilement en 2006 un gouvernement minoritaire dirigé par le Premier Ministre Harper, mais composé de Jack Layton comme ministre des finances et de Paul Martin comme ministre des Affaires Extérieures. La responsabilité de cette administration vis-à-vis l’électorat en serait donc la première victime.

Les deux plus récents analystes de la question (Persson et Tabellini, 2004) résument ainsi les résultats de leur enquête sur 80 démocraties du monde. Les démocraties régies par la représentation proportionnelle imposent des taxes et des régulations plus lourdes, ont des budgets de dépenses supérieurs de 6% du PIB et des déficits plus lourds. On comprend que les gouvernements de coalition éprouvent plus de difficulté à s’en tenir à leur budget dans l’éventualité d’un choc majeur. A cet égard, on peut arguer que l’élection à la proportionnelle, commune à la plupart des pays d’Europe, a facilité la montée et la permanence des partis socialistes et communistes dans ces territoires.

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Catégorie(s) : Socio-politique

Tendance centrale, non associée au revenu médian, mais à la classe moyenne

Le 24 avril 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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De nombreux auteurs jugent non concluante la relation empirique observée entre le revenu médian et le gonflement de l’État. Peltzman (1980) est l’un d’entre eux. Il retient, bien sûr, que la finalité essentielle de la politique reste essentiellement redistributionniste. Il aboutit à la conclusion que l’État croît démesurément là où les groupes qui partagent un intérêt commun dans cette croissance deviennent plus nombreux. Les intérêts homogènes qui y gagnent à l’expansion de l’État deviennent dès lors une source plus puissante de croissance du gouvernement. Or les temps modernes, qui dans ce schéma remontent surtout aux quelque 50 dernières années, sont marqués par ce qu’il est convenu d’appeler la montée de la classe moyenne. Les Européens préfèrent désigner ce phénomène comme la montée de la « bourgeoisie », qui comporte cependant une connotation plutôt péjorative.

Quoi qu’il en soit, la signification analytique de cette évolution s’exprimerait comme suit. L’homogénéisation caractéristique de la phase récente d’industrialisation correspond au nivellement des revenus à travers, non pas nécessairement toute la population, mais une part accrue de la population, soit la classe moyenne montante. Dans ce contexte, les écarts de revenus se nivellent au centre de la distribution. C’est surtout dans le rétrécissement de l’écart entre les travailleurs qualifiés et les non qualifiés (skilled-unskilled differential) que Peltzman dépiste le nivellement des revenus. L’auteur attribue et associe ce nivellement à la fin de l’exode massif des ruraux non qualifiés vers les villes. Ce sont les groupes qui composent la classe moyenne qui partagent donc des intérêts communs. Ce bassin électoral homogénéisé et élargi appuiera l’expansion de programmes spécifiques, telles l’éducation, la santé, la sécurité de la vieillesse, qui refilent aux revenus supérieurs une part du fardeau de ses aspirations qu’il partage avec le grand nombre. C’est dans ce bassin que le politicien puisera les appuis majoritaires qui lui valent le pouvoir. « L’embourgeoisement » typique du monde occidental vient donc élargir le bassin politique favorable à l’expansion du secteur public. Les conditions sont désormais réunies pour la surexpansion du secteur public par le redistributionnisme systématique. Le paradoxe est que la plus grande égalité au centre suscite une demande politique d’égalisation toujours plus prononcée. Maintenant que la majorité des femmes appartiennent au marché du travail dans la plupart des économies avancées, la priorité contemporaine accordée aux garderies publiques s’interprète directement par cette évolution.

Cette homogénéisation de la majorité n’implique nullement que tous les membres de ce regroupement profiteront également de chaque transfert de richesse que se vote la classe moyenne. Les couples sans enfants sortent manifestement perdants de l’implantation de l’enseignement public. Les subventions aux parents d’étudiants universitaires sont en partie assumées par les pensionnés plus âgés de l’État, qui appartiennent à la même classe sociale, et vice versa. Mais le bloc immensément large de mesures que forme la majorité lui vaudra au total des gains nets qu’il arrache aux revenus moyens supérieurs, mais des gains entremêlés de toutes sortes de brimades. Dans un monde d’interventionnisme généralisé, chacun se retrouve tôt ou tard victime d’exactions par ses semblables. Au total cependant, les intérêts sont suffisamment rapprochés pour entraîner l’adhésion majoritaire.

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Catégorie(s) : Socio-politique Étiqueté : bourgeoisie, Etat, industrialisation, Peltzman, politique, revenu médian, société

Le régime majoritaire est instable et contradictoire.

Le 15 avril 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Une deuxième réserve peut aussi infirmer le théorème du votant médian.  On peut démontrer avec une rigueur mathématique, que selon l’ordre dans lequel les propositions sont soumises au vote en paires, les décisions majoritaires d’une assemblée s’avéreront souvent contradictoires. Le théorème de l’impossibilité, qui a valu le prix Nobel à son auteur, Kenneth Arrow (1951), enseigne en effet que le régime majoritaire est conceptuellement instable. En langage technique, on dit à la suite de Arrow, qu’il n’existe pas d’ordre social unique de bien-être ou de choix collectif unique qui puisse découler du vote majoritaire et qui satisfasse aux critères d’efficacité, c.-à-d. sans qu’il faille comparer les utilités. Les règles du scrutin majoritaire donnent théoriquement lieu à un cycle perpétuel de solutions majoritaires successives sans équilibre (core) ultime.  Une coalition majoritaire dominante peut toujours se faire renverser par une autre, selon les intérêts de ceux qui contrôlent l’agenda législatif, c.-à-d. l’ordre dans lequel les propositions sont présentées aux législateurs (Romer et Rosenthal 1978). La tragédie des choix politiques effectifs est précisément que le législateur ne se gêne pas pour hiérarchiser les valeurs de chacun. La démocratie au sens rigoureux de bien commun unique fonctionne mal.

L’économiste des choix publics par excellence, James Buchanan, suggéra dès 1954 (1954a et 1954b) que les cycles majoritaires incontournables constituaient en réalité un phénomène heureux. Ils protègent les minorités contre la discrimination tyrannique qu’exercerait la majorité si elle aboutissait à une solution unique. Les membres de la minorité dans une ronde peuvent ainsi accéder à la majorité à leur tour dans une ronde subséquente. Il reste qu’aucune ronde de vote majoritaire ne peut, en théorie, satisfaire au critère parétien, car dans tous les cas il se trouve des perdants (minoritaires) et des gagnants (majoritaires). Rappelons que le concept d’efficacité parétienne se définit précisément comme cette circonstance où on ne peut améliorer le bien-être d’un individu sans diminuer celui d’un autre.[1] Certains interprètent le théorème de Arrow comme l’explication des choix publics incohérents qu’on observe. On peut constater déjà la validité de ce corollaire à l’examen des politiques de logement. L’État suscite à la fois la rareté du logement par le zonage et il le subventionne d’autre part pour en abaisser le prix. Ce qui explique la tentation d’investir en action politique de la part des bénéficiaires potentiels.

[1] Face à ce drame théorique, Buchanan et Tullock (1962) se demanderont pourquoi les sociétés démocratiques acceptent la règle majoritaire si elle entraîne de telles pertes sociales. Ils offriront comme solution et remède, le principe de règles constitutionnelles plus inclusives (plus proches de l’unanimité) et antérieures aux votes des assemblées législatives. Nous reprendrons cette ligne d’analyse dans l’élaboration de nos préceptes au dernier chapitre.

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Catégorie(s) : Socio-politique

Votant médian et échange de votes

Le 9 avril 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Votant

Soulignons tout de suite que, bien qu’apte à expliquer nombre de décisions publiques, la règle du votant médian appelle une première réserve. En d’autres termes, la majorité n’est pas la seule composante à déterminer les choix politiques en démocratie. On le concevra plus clairement quand on aura introduit le rôle des groupes d’intérêt dans le processus ainsi que les modalités de l’échange de votes (du logrolling).

Déjà on devine que certains votants sont plus sensibles à certaines décisions qu’à d’autres, ou qu’une loi donnée affecte plus fortement certains individus que d’autres. C’est alors qu’une mécanique d’échanges de votes peut s’instaurer entre les votants. Illustrons par un simple exemple chiffré. Supposé qu’une démocratie composée de neuf votants ait à faire choix public coûtant neuf dollars, répartis uniformément entre les neuf électeurs et donc à raison de un dollar par votant. Supposé également que le projet procure un bénéfice de sept dollars à l’un des votants et rien du tout aux huit autres. A priori, la proposition serait rejetée à la majorité.

Mais on devine immédiatement que le gagnant éventuel serait disposé à « acheter » l’appui de quatre autres votants, en échangeant son vote sur quatre autres projets contre l’appui de quatre votants au projet qu’il valorise intensément. L’échange lui coûterait quatre dollars et lui vaudrait donc un bénéfice net de deux (7-5) dollars. La mesure l’emporterait au scrutin majoritaire, bien que la société ait payé neuf dollars pour une initiative qui n’en vaut que sept en bénéfices sociaux. Les hommes politiques sont conscients de cette logique. Par exemple, les quotas agricoles, les subventions aux entreprises, et les monopoles syndicaux sont des formes d’échanges de faveurs que la politique offre aux producteurs. Ces questions feront l’objet d’élaboration ultérieurement.

Conclusion : certaines mesures nettement impopulaires auprès de la majorité des votants seront retenues par les décideurs politiques si elles s’avèrent très populaires auprès d’une minorité. Cette logique signifie aussi que ce n’est que par hasard que la règle du scrutin majoritaire réalise le bien commun, c.à-d. que les bénéfices d’une mesure l’emportent sur les coûts. Les faveurs publiques aux uns se font invariablement aux dépens des autres.

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Catégorie(s) : Socio-politique

Comment l’économiste aborde la question des choix publics

Le 11 mars 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-EconomLa méthodologie propre de l’économique des choix publics s’expose en deux étapes que nous présentons ci-dessous. La première, dite majoritariste, repose sur la règle du jeu première des régimes démocratiques et pose que le gouvernement se forme par la victoire de la majorité aux élections. Dans une deuxième étape, nous enrichirons cette première hypothèse par le modèle de la concurrence politique entre les groupes d’intérêt. Comme son titre le suggère, cette perspective pose que la détermination des programmes de dépenses, de régulation et de fiscalité, et leur incidence sur le bien-être social relève de la concurrence que se font les groupes plus ou moins organisés, dans leur souci d’obtenir des faveurs publiques.

L’école dite des choix publics est assez récente; elle entretient toutefois des liens étroits avec les théories des penseurs classiques de l’État. Dans son approche fondamentale à la réalité, elle s’insère dans la continuité des théories classiques de l’État. Comme le recherchaient les penseurs classiques, l’analyse économique de la politique a l’ambition d’acquérir une connaissance objective de la réalité. À partir d’hypothèses vérifiables et claires, l’école cherche, comme Montesquieu (1995), Condorcet et de Tocqueville (1968), à mieux comprendre le fonctionnement des gouvernements et ultimement la nature humaine. (Mueller, 1997) L’innovation fondamentale qui distingue l’école moderne des choix publics, c’est la clarté de ses fondements. La contribution de l’économiste a été de transposer son schéma analytique à la science politique. Elle se distingue des pionniers par l’utilisation qu’elle fait de la méthodologie économique traditionnelle, l’individualisme méthodologique, c.-à-d. l’hypothèse que chacun des acteurs du marché politique, votant, politicien ou bureaucrate, cherche non pas à maximiser le bien commun mais à maximiser son propre bien-être.[1] Au fonds, la démarche ne fait que reconnaître qu’une science se définit moins par l’objet sur lequel elle porte son regard que par la méthode qu’elle emprunte pour expliquer la réalité. L’école des choix publics se soumet aussi à la vérification, à la formalisation et à l’utilisation des mathématiques, tous instruments qui apportent aux descriptions et aux hypothèses une rigueur à laquelle n’accédaient pas les premiers classiques. (Mueller, 1997)

Tous les économistes n’adhèrent pas à cette démarche. Il faut dire que la plupart d’entre eux n’en font pas leur spécialité, de sorte que sa signification ne leur est pas familière. Comme les politicologues et la plupart des observateurs qu’on lit dans les média, ils se contenteront de postuler que la concurrence politique entre les groupes réalise vraisemblablement le bien commun, sinon les groupes s’organiseront spontanément lorsque l’oppression qu’ils subissent s’appesantit trop lourdement. On voudrait qu’ils aient raison, mais la rigueur appelle une démonstration plus systématique. En l’énonçant, on se rend compte que cette perspective souffre de la naïveté qui inspire la vision de l’État planificateur bénévolant que retiennent depuis toujours beaucoup d’économistes conventionnels.

[1]Le lecteur qui voudra suivre méthodiquement l’évolution de la démarche pourra parcourir Mueller 1976, Buchanan & Tollison, 1984 et Mueller 2003.

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Catégorie(s) : Économie du Québec, Socio-politique

Histoire changeante de la démocratie

Le 26 février 2015 par Jean-Luc Migué 1 commentaire

 JLMigue-Econom

La consigne conventionnelle dégagée des observations antérieures se résume généralement à prêcher en faveur de la correction des imperfections de l’État. Encore faut-il identifier la nature de ces imperfections. Dans les étapes de notre démarche à venir, nous associerons ces lacunes aux règles du jeu (à la constitution en fait) qui régissent l’État démocratique, non pas à chacune de ses décisions prises isolément. Dans sa nature et ses aspirations, le régime démocratique qui nous encadre n’est pas un phénomène récent.

L’État peut en principe varier de rythme d’expansion comme il l’a fait occasionnellement depuis le 17e siècle. Depuis cette époque, les pères fondateurs ont introduits l’esprit libéral aux États-Unis. L’État s’est sensiblement amélioré en Grande-Bretagne au temps de John Stuart Mill. L’État nation y a été inventé et la Grande-Bretagne est devenue la nation commerçante. A la fin du 18e et au cours du 19e siècle, les révolutions américaine et française (bientôt étendues à toute l’Europe) ont substitué le gouvernement responsable au régime de patronage royal. La tradition victorienne a circonscrit l’État et promu le libéralisme. La part de l’État britannique dans l’économie a même diminué en termes réels à cette époque. La France de de Tocqueville et de Condorcet a évolué dans le même sens.

Le concept d’État-nation est apparu dans sa première expression au XVIIe siècle avec Thomas Hobbes qui en a été le grand interprète en lui assignant la tâche d’assurer la sécurité. De son côté, l’État libéral (dans son sens classique) a été formellement exposé par John Stuart Mill[1] au XIXe siècle, qui lui confiait le rôle d’apporter la liberté, liberté d’opinion, liberté d’expression et liberté de la vie privée. Les Britanniques et les Français en ont fait alors le régime supérieur de l’Occident. Ce n’est qu’à compter de la fin du XIXe siècle que le Welfare State et le keynésianisme ont pris leur dimension moderne. Et au XXe siècle, nonobstant son influence sur Ronald Reagan et Margaret Thatcher, Milton Friedman pouvait constater et exposer le « Paradis Perdu » qu’était devenu l’État[2]. Il dure toujours. Le Léviathan moderne est dissocié de l’âge de l’Internet.

Revenons un moment sur ce que nous désignons ci-dessus comme le keynésianisme, c.-à-d. la mission que s’arroge l’État moderne de neutraliser les cycles économiques dans ses choix budgétaires et même dans ses régulations. Soulignons au départ que dans un ouvrage paru en 2014, James Grant[3] démontre que la dépression sévère de 1920 fut la dernière récession à se résorber sans l’intervention soi-disant stabilisatrice de l’État. Sa thèse pose et démontre que la baisse des prix qui l’accompagna non seulement n’a pas gêné la reprise, elle l’a plutôt suscitée. Les politiques retenues à l’époque consistaient à ne pas en adopter, c.-à-d. à ne rien faire de spécifique à la récession. En fait, le programme politique retenu s’inscrivait aux antipodes des prescriptions de la sagesse économique conventionnelle : Équilibre du budget, hausse des taux d’intérêt et attente patiente que la confiance se rétablisse et instaure les « Roaring Twenties ». En favorisant la reprise, la flexibilité maximale des prix et des salaires a fait que l’instabilité de la production et de l’emploi a été réduite au minimum. La main invisible d’Adam Smith en somme.

Quel contraste avec la décennie suivante, témoin de la plus grande dépression de l’histoire et en même temps de l’interventionnisme prononcé, sous Hoover qui a lancé le premier New Deal suivi de celui de Roosevelt. A l’époque, le gouvernement américain invitait les employeurs à ne pas couper les salaires, et par la même occasion à forcer l’emploi (et donc le chômage) à absorber l’impact de la dépression. Comme l’a calculé Milton Friedman, le Federal Reserve a comprimé la masse monétaire d’environ 25%, tournant ainsi une récession conventionnelle en véritable catastrophe. La grande dépression fut une création de l’État.

[1] « La seule liberté qui mérite son nom, écrivait Mill, est la liberté de rechercher notre propre bien et de le faire à notre façon ».

[2] Milton Friedman, Capitalism and Freedom, University of Chicago, 1962, et (avec Rose Friedman), Free to Choose, New-York, Harcourt Brace Jovanovich, 1980.

[3] James Grant, The Forgotten Depression, The Crash That Cured Itself, 2014.

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Catégorie(s) : Socio-politique

Modèles de l’État

Le 19 février 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

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Notre objectif ultime est d’interpréter la logique démocratique dans ses conséquences sur l’économie. Mais auparavant, on peut déjà identifier deux modèles de l’État ne jouissant d’aucune valeur prédictive. D’abord le modèle collectiviste, organique ou marxiste, qui présente le gouvernement comme l’incarnation d’une volonté collective abstraite, distincte de la volonté des individus qui composent la société et au-dessus d’eux. En fait, on associe souvent la vision « économique » de l’État au marxisme. La vision marxiste a fait l’objet d’innombrables écrits dont les conclusions globales sont que le marxisme ne jouit d’aucune valeur prédictive. Nous ferons grâce aux lecteurs d’accorder plus de temps à cette démarche.

D’autre part, en exposant une vision économique conventionnelle, on peut aussi définir un deuxième modèle d’État : l’État planificateur bénévolant qui réalise le bien commun, tout comme l’enseigne la vision collectiviste, mais à partir des préférences des individus qui composent l’appareil étatique. On peut déjà établir que, si la méthodologie qui inspire cette deuxième approche retient une perspective plus conventionnelle, sa valeur prédictive n’est guère supérieure à celle des marxistes. Reposons la question : si l’État s’inspire du souci du bien commun dans ses choix, comment expliquer la multitude des décisions inefficaces qu’il retient dans la plupart de ses initiatives, qui ralentissent la croissance et entrainent une distribution du revenu souvent déplorable? Ainsi, une prétention répandue veut que la récession amorcée en 2008 soit attribuable au marché libre et que le capitalisme s’avère un échec. En réalité la dernière récession est imputable d’abord à la banque centrale américaine qui a, avant 2008, inondé le marché de liquidité et porté les taux d’intérêt à des niveaux insoutenables. On associe aussi les récessions américaines au régime fiscal des entreprises, au Fannie Mae et au Freddie Mac, ainsi qu’au Community Reinvestment Act aux États-Unis.  La réaction de la masse des observateurs populaires a été de blâmer le capitalisme. La fabrication d’une crise aura une fois de plus servi de prétexte pour gonfler l’État, comme l’ont été les guerres, les dépressions économiques et les désastres naturels.

Nous verrons plus loin que l’économiste des choix publics emprunte aussi une méthode d’analyse économique, mais radicalement différente de la marxiste et aussi distincte de la vision idéaliste de l’État bienveillant, inspiré du seul souci de réaliser le bien commun.

Nous tenterons de suppléer aux lacunes de l’enseignement traditionnel en proposant ce qu’il est convenu d’appeler l’économique des choix publics dans son application au Québec. Près de la moitié de la production nationale s’alloue à travers le processus politique. On s’étonne donc que l’analyse économique des choix publics ait pris son envol il n’y a guère plus d’un demi-siècle et qu’encore aujourd’hui, l’essentiel des efforts de réflexion des économistes se consacre à l’étude du secteur marchand. Les politologues pour leur part ne disposent pas d’une théorie propre à dégager des hypothèses falsifiables. On comprend mal aujourd’hui que les « social scientists » aient tant tardé à fermer l’écart entre l’investissement qu’ils font à comprendre les comportements individuels dans le marché et la société d’une part, et le processus de décision dans le secteur collectivisé d’autre part. L’économiste des choix publics s’emploie précisément à remédier à cette lacune. Il fonde son analyse sur les règles méthodologiques reconnues par la discipline. Il postule donc que le processus de décision politique obéit à la rationalité d’individus placés dans un contexte démocratique. Dans le schéma économique proposé, tous les agents maximisent leurs intérêts. L’analyse des choix politiques placera ces individus, votants, groupes d’intérêt, politiciens et bureaucrates, dans un marché politique où les sanctions et récompenses diffèrent de celles qui les encadrent dans le marché.  Cette démarche ne laisse aucune place à ce que la vision populaire désigne comme une volonté collective occulte, distincte de la rationalité des individus qui déterminent les choix politico bureaucratiques, et au-dessus d’elle.

 

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Catégorie(s) : Socio-politique

Mandatory voting and rational ignorance

Le 13 janvier 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Voting

It has been proposed in several circles that voting be made mandatory so that more people engage in political action. The underlying rationale: Participating in an election is not a strictly personal act but also a collective one. Voting constitutes a civic obligation towards one’s co-citizens. Free voting does give rise to an unrepresentative expression of public opinion, as it is biased in favour of old and white people, and of high-income earners.

As a source of further bias, political parties concentrate their election efforts on specific targets, i.e. on people most likely to vote. The media also devote more time and space to questions that deal with larger audiences, thus contributing to mobilizing larger groups at the expense of minorities. The international record on this aspect of the question is clear. Since adopting the mandatory rule in 1924, Australians have voted at the 90 percent level rather than at the previous 58 percent level.

As a counter argument, we wish to argue that a large number of voters in a mandatory voting regime would do so at the price of irrationally ranking their resources, thus introducing more ignorance into the process. The real political world is more complex than generally assumed and its cost implies more than the act of putting a ballot in a box. In fact, mandatory voting woud go against a central proposition of political analysis: rational ignorance as a natural attitude in politics. In democratic regimes, most voters, including a large proportion of those who vote, choose not to invest the time, the money and the energy required to make a well-informed decision. The origin of this gap rests on the fact that the process leading to informed political decisions is not free. Representative rather than direct democracy, whereby decision-making is delegated to elected officials, precisely originated from people’s concern to economise on political action. Thirty five days before the federal election of 2004, 16 per cent of voters could not remember the name of the Prime Minister. Fewer than forty per cent of voters can distinguish the concept of “right” and “left” in the political spectrum, and when they do it is in a vague and hazy manner. After the federal election of 2000, less than a third of voters could place the NDP party at the left of the political spectrum and the Canadian Alliance at the right. A third of them proved unable to pinpoint a single electoral promise of the listed running parties. During the 1997 campaign, nearly 60 per cent of the population were of the opinion that Aboriginal people enjoyed a living standard comparable to the rest of the population.

Voters hold the realistic opinion that their vote is never decisive in the outcome of elections. And overall, they do not ignore that the benefit resulting from a more elaborate analysis is of a collective rather than of a personal nature; it would radiate on neighbours as much as on themselves. All are conscious that the outcome of an election is in no way related to the fact that their vote is well-informed. They will rationally remain ignorant of the impact on them and on society of a specific government measure as well as of the overall platform of parties. The average citizen is better informed on the performance of the car he buys than on the impact of Japanese import quotas on cars. As argued by Mancur Olson in 1965 or Terry Moe in 1980, citizens devote less of their time to political activity because of their conviction that the logic of collective action prevents them from individually influencing public decisions. Even if the stakes are high, people vote poorly and remain politically apathetic. Short of a substantial knowledge of political programs, they will often rely on alternative criteria such as moral obligation, ideology or the popularity of leaders.

The logic of rational ignorance predicts that most readers or viewers will choose to invest little time in the knowledge of public policy. With a few exceptions, newspapers and broadcasters specialised on public affairs attract limited audiences. For years, the proportion of newspaper readers has been declining. Research on the internet bears testimony to the widespread predilection for entertaining contents or for information which facilitates sales and purchases of goods and services; information that enlightens the significance of the voting process and of other collective decisions is not popular. The media have also evolved to respond to this lack of interest for public policy. Since groups that make up large fractions of the population tend to participate more in the process of voting, newspapers, radio and television offer more space of political interest to large audiences.

The mystery of the political process is not that large portions of the population do not vote, but that majorities of people do choose to vote. A high proportion of middle class families have no opinion on the appropriate political movement to support. The least evil in the voting process is not to add another regulation to the massive amount that we already bear, but to let non voters do as they like. To force a large number of the least informed citizens to cast their ballot against their will would reduce rather than raise the level of refinement in political decisions. The problem with government is that it is too big; to add a further undesirable regulation to its baggage of functions would be denying this fact.

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JEAN-LUC MIGUÉ

Jean-Luc MiguéÉconomiste canadien. Maitrise de l’Université de Montréal. Ph.D. de The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Il a été professeur à l’Université Laval et est Professeur émérite à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Canadian economist. Master’s Degree, Université de Montréal. Ph.D., The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Was professor at Université Laval. Is now Professor Emeritus, École nationale d’administration publique, (ÉNAP) Quebec City.

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