Représentation géographique
Dans nos régimes démocratiques, les votants ne choisissent pas les membres du parlement à partir d’une liste exhaustive unique de candidats, où ceux qui recueillent le plus de voix dans le pays ou la province (ou la municipalité) sont portés à l’assemblée législative comme représentants. Le pays ou la province sont plutôt divisés en aires de scrutin plus petites (les circonscriptions électorales), et les citoyens votent pour des candidats différents dans chaque circonscription.
La formule offre certains avantages, dont en particulier celui de représenter plus clairement les différents territoires géographiques et aussi de donner plus de poids aux tiers partis et aux indépendants. Elle comporte aussi ses travers que nous ne manquerons pas de faire ressortir ultérieurement. C’est ainsi que les projets d’intérêt strictement locaux en viennent souvent à dominer les décisions publiques, amplifiant encore plus la poussée des dépenses publiques et des taxes.
Financement public des partis
L’analyse économique démontre hors de tout doute que le mode public de financement des partis et la régulation qui l’accompagne exercent une influence décisive en faveur des partis en place et donc contre les concurrents potentiels.[1] C’est du rationnement de la parole qu’il s’agit. Ainsi, la formule a pu modifier la « stratégie » des électeurs fédéraux aux élections de 2004.
Avant l’implantation du financement coercitif des partis, un électeur Conservateur du Québec, conscient que son candidat préféré n’avait aucune chance de l’emporter, aurait pu choisir de voter stratégiquement et appuyer le Libéral, pour barrer la route au Bloc Québécois qu’il abhorre encore plus. Mais il se trouve qu’au Canada à partir de 2004, chaque vote au-delà de 2% vaut 1,75$ au parti qui les recueille. En votant stratégiquement pour le parti Libéral, notre électeur aurait facilité le financement du parti qu’il n’aime pas et lui aurait fourni des armes contre son parti préféré aux élections suivantes. Il hésitera davantage à « gaspiller » son vote et appuiera plus probablement le candidat Conservateur. La mécanique électorale constitue un vaste champ d’analyse. Les modalités particulières du processus électoral et législatif ne sont pas neutres, mais elles ne sauraient modifier les tendances de fonds qui constituent l’objet de notre démarche.
[1] Lire Palda, Filip, Un combat à armes inégales, Institut Fraser, 1992 et Boucher, Michel et Filip Palda, Ici, le peuple gouverne, Les Éditions Varia, Montréal, 2000, chap. 7, pour saisir la signification de cette formule dans le contexte canadien.