Jean-Luc Migué, économiste Institut Fraser Profession émérite, ENAP Quebec

Senior Fellow, Institut Fraser et professeur émérite, ENAP - Senior Fellow, The Fraser Institute and professor Emeritus, ENAP, Québec.

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Domination des producteurs, subventions sur le dos des contribuables et régulations sur le dos des consommateurs

Le 11 novembre 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Domination

En vertu de l’encadrement institutionnel décrit précédemment, les gens seront plus sensibles aux politiques qui les affectent comme détenteurs de facteurs, qu’aux mesures qui les touchent comme contribuables ou consommateurs. Il arrive que l’essentiel du revenu des gens provienne d’une activité professionnelle spécifique associée à une industrie particulière, tandis que l’intérêt des consommateurs se distribue sur un vaste éventail de biens et de services. Tous les contribuables sont aussi victimes de la fiscalité. Si de plus les producteurs sont plus faciles à organiser parce que moins nombreux et surtout déjà regroupés en organisations sectorielles actives, on peut prédire que les choix publics seront en général dominés par les producteurs. Le lecteur aura compris que la domination des producteurs qui s’ensuit n’a rien à voir avec la vision conspiratoriale du « capitalisme corporatif mondial ». Le terme producteur dans cette analyse veut dire détenteur de facteurs de production, entreprises bien sûr, mais employés aussi, surtout s’ils sont encadrés par un monopole syndical.

L’instrument privilégié et le plus général à la disposition du politicien pour s’attirer l’appui des groupes de producteurs prendra la forme de cartellisation de vastes secteurs de l’économie. Les instruments de cette cartellisation, à leur tour, serviront les uns à transmettre le fardeau aux contribuables, les autres aux consommateurs, parfois aux deux. Dans la première catégorie, on peut ranger un vaste éventail de mesures allant de l’octroi explicite de subventions aux entreprises, à la monopolisation publique pure et simple, et jusqu’aux « politiques industrielles » et régionales. On comprend, à leur seule énumération, que les composantes de ce premier groupe de mesures comporte chacune l’octroi de subventions ou d’aides aux producteurs. La fiscalité générale s’alourdit dans la même mesure. Le deuxième type de politiques qui font surtout leurs victimes chez les consommateurs comprend la régulation sectorielle ou sociale et le protectionnisme. Ce sont, on le devine, les consommateurs qui écoperont en général de cette deuxième classe de politiques dont l’effet premier est de hausser les prix des industries affectées.

Cette distinction entre mesures qui briment les contribuables et politiques qui exploitent les consommateurs repose sur de solides fondements analytiques. Les deux formes substituts de privilèges aux détenteurs de facteurs de production découlent de ce que la variation du prix relatif d’un input (facteur de production) peut provenir d’une expansion de la demande d’output ou de restrictions à l’offre d’inputs concurrents.

Si un input est à ce point spécifique ou immobile que l’offre se règle difficilement et lentement sur la demande, il est alors en mesure d’encaisser la presque totalité de la subvention accordée à son output. L’opération confère aux détenteurs de facteurs inélastiques une rente égale au fardeau fiscal supplémentaire des contribuables. Par contre, si l’offre en est élastique, c.à-d. qu’elle s’adapte rapidement aux variations de la demande, le producteur ne peut guère gagner à la subvention, alors qu’une restriction à l’entrée par la régulation ou le protectionnisme extérieur lui vaudrait une rente certaine. (Migué 1977) Qu’il nous suffise de rappeler qu’un rapide survol des industries les plus subventionnées (détaxées), explicitement par les politiques industrielles ou par la monopolisation publique, porte à croire qu’elles renferment une proportion élevée de facteurs inélastiques. Cette affirmation vaut pour l’enseignement supérieur, l’industrie de la santé, les industries culturelles et la recherche avancée, toutes industries caractérisées par l’importance élevée de capital humain difficile et long à reproduire; elle vaut pour les industries extractives (sol et richesses naturelles) et l’espace agricole, dont la quantité est fixe et qui sont marquées par hypothèse d’une grande immobilité; elle vaut également pour le transport urbain (rues gratuites et transport en commun) au profit des propriétaires de sol et de capital immobiles au centre des villes.

Les politiques de développement régional et de péréquation régionale appartiennent à la même catégorie analytique et pénalisent donc les contribuables. Elles offrent des subventions aux détenteurs de facteurs immobiles des régions en déclin. Faute de mobilité, les actifs physiques et les travailleurs moins mobiles subiraient le contrecoup des reculs de l’industrie locale. Les villes et les régions devraient être seules responsables du financement des services qui profitent à leurs résidents. Pourtant les transferts se font largement des autorités centrales aux administrations décentralisées et aux entreprises plutôt qu’aux individus défavorisés. Ils suscitent ainsi la demande de facteurs régionaux immobiles plus que ne le ferait l’aide aux individus dont ils favoriseraient l’émigration vers les territoires prospères.

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Catégorie(s) : Société Étiqueté : consommateur, contribuables, partis politiques, politique, pouvoirs publics, producteurs

Alarmisme écologique et anticapitalisme

Le 29 juillet 2015 par Jean-Luc Migué 2 commentaires

JLM-Alarrmist

Pour notre malheur, la pensée groupiste s’avère souvent nettement fausse. Les groupes d’intérêt, syndicats, lobbyistes et porte-parole de la santé publique, s’emploient à promouvoir la falsification des préférences de leurs membres et de leurs sympathisants pour amplifier leur influence. C’est ainsi que les risques environnementaux (réchauffement, OGM) et le concept de responsabilité sociale de l’entreprise sont systématiquement manipulés par les activistes écolos et anti capitalistes, souvent de façon contraire aux connaissances scientifiques existantes. Et pourtant, la croissance de la richesse est l’alliée universelle de l’environnement. Quiconque en doute lira avec profit le dossier bâti par le Fraser Institute sur le contraste entre l’évolution réelle de l’environnement au Canada et la vision au contraire alarmiste perpétuée par les organisations écologiques. (Fraser Forum, avril 2004).

A l’échelle du globe, on a démontré qu’en regard de toutes les mesures objectives de condition humaine, le bien-être et la qualité de vie ont réalisé des progrès gigantesques. Grâce au capitalisme et à la diffusion de la technologie par la globalisation, l’espérance de vie s’élève, l’alimentation s’améliore, l’alphabétisation se répand, l’accès à l’eau propre et à l’air pur s’étend, le revenu matériel gagne du terrain et le travail des enfants est moins répandu. Contrairement à la propagande, ce sont les plus pauvres qui améliorent le plus leur sort en matière de niveau de vie. Le message qu’on peut adresser aux sociétés les plus mal en point est qu’elles doivent accueillir le capitalisme, la règle du droit et la globalisation en rejetant leur gouvernement de kleptocrates. Et les progrès inimaginables associés au capitalisme se sont réalisés en dépit de la multiplication par cent de la production de produits chimiques, accompagnée de l’urbanisation et de la modernisation héritées de l’Occident.

Dans un monde de rareté de l’information, la manipulation de l’opinion publique devient un instrument puissant d’action politique. La démagogie l’emporte souvent sur les faits. Ainsi l’adjonction du qualificatif « durable » à développement par les alarmistes de l’écologie lui fait désigner son contraire, soit le rejet de la croissance et la substitution de la planification au marché. Depuis The Limits to Growth de 1972, en passant par le best-seller The Population Bomb de 1968, jusqu’au récent film The Day after Tomorrow, l’alarmisme environnemental constitue un phénomène psychologique fascinant. Nonobstant le fait que toutes ces prophéties alarmistes se soient avérées sans fondements, c.-à-d. contraires aux faits et à l’enseignement de la science, l’hystérie alarmiste revêt le caractère d’une véritable religion profane, doublée d’une religion politique puissante : le socialisme. C’est la transposition aux temps modernes des châtiments bibliques de Sodome et Gomorrhe, des plaies d’Égypte et du Déluge. Et par une rationalisation semblable : l’homme social a péché, cette fois-ci, par son matérialisme et sa production abusive de gaz. Il lui faut donc assigner à un guide, l’État omniscient et bienveillant, la tâche de préserver l’espèce, de protéger notre Mère la Terre, et de renverser le mouvement du marché en faveur de la croissance, littéralement revenir aux moulins à vent. Le développement durable est devenu, suivant le mot de Peter Foster (4 juin 2004), le symbole de la contre-attaque socialiste après l’effondrement du communisme.

Les variations du champ magnétique du soleil et l’intensification des particules atomiques émanant de la voie lactée sont deux explications plausibles du réchauffement de la planète. Mais même si on accepte que le changement climatique provienne de l’émission par l’homme de gaz à effets de serre, trois faits inéluctables circonscrivent les politiques climatiques. Le premier veut que le traité de Kyoto aurait ruiné l’économie canadienne. Le deuxième établit que la contribution du Canada au climat global serait rigoureusement nulle. Enfin, même si tous les signataires de Kyoto avaient atteint leur cible (hypothèse invraisemblable), l’impact serait aussi voisin de zéro. En réalité, le dossier accumulé sur les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre établit que c’est l’État lui-même qui en est la cause principale. Cette affirmation tient en matière de politique énergétique et environnementale, en matière de politique fiscale et de politique économique en général. Examinons d’abord la politique de l’énergie. Les gouvernements du Canada subventionnent le développement des pipelines de l’Arctique et du pétrole off-shore. Ils subventionnent la transmission d’électricité à longue distance. Ils subventionnent l’expansion du réseau de gaz naturel. Toutes ces mesures ont donc pour effet d’abaisser le coût de l’énergie et défavorisent l’investissement dans les technologies propices à l’économie d’énergie. Parallèlement, les gouvernements stimulent la consommation d’énergie en maintenant le prix trop bas. Plus d’une province contrôlent le prix de l’essence, d’autres subventionnent le gaz naturel, et la plupart d’entre elles vendent l’électricité au coût (donc de façon non rentable) par l’intermédiaire de leur société d’État.

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Catégorie(s) : Société Étiqueté : alarmiste, capitalisme, climatique, écologie, gouvernement, société

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JEAN-LUC MIGUÉ

Jean-Luc MiguéÉconomiste canadien. Maitrise de l’Université de Montréal. Ph.D. de The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Il a été professeur à l’Université Laval et est Professeur émérite à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Canadian economist. Master’s Degree, Université de Montréal. Ph.D., The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Was professor at Université Laval. Is now Professor Emeritus, École nationale d’administration publique, (ÉNAP) Quebec City.

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