Jean-Luc Migué, économiste Institut Fraser Profession émérite, ENAP Quebec

Senior Fellow, Institut Fraser et professeur émérite, ENAP - Senior Fellow, The Fraser Institute and professor Emeritus, ENAP, Québec.

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Archives pour août 2015

Politisation de la science et réchauffement de la planète

Le 26 août 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLMigue-RechauffPolitique

Bureaucrates, politiciens, écolos et leurs haut-parleurs dans les médias s’emploient à terroriser la population pour lui faire digérer l’intervention massive de l’État. La mortalité attribuée de façon absurde au smog sert à justifier le gaspillage gigantesque de ressources dans les moulins à vent et le transport en commun. Dans un monde d’ignorance rationnelle, les activistes peuvent rêver de nous imposer l’impossible Kyoto sous prétexte qu’il nous épargnera la dévastation future.

Le sens du protocole de Kyoto (rejeté par le Canada) fournira une deuxième illustration de la pensée grégaire et du biais rationnel en faveur de l’étatisme de la part de la masse de bonnes âmes, « des faux gentils ».[1] L’incertitude demeure sur l’origine du réchauffement climatique et surtout sur la part qu’on doit attribuer aux émissions humaines de gaz à effets de serre, plutôt qu’au magnétisme changeant du soleil, aux courants maritimes ou aux particules atomiques de la galaxie. Même si on accepte la validité de la thèse du réchauffement par l’homme, on peut dans cette matière adopter l’une ou l’autre de deux approches. La première exerce un impact direct et immédiat : faire appel à la régulation d’État pour freiner l’émission de gaz à effets de serre. On sait aujourd’hui que cette formule entraînera des coûts gigantesques, qu’elle condamnera de nombreux pays à rester pauvres, mais n’aura aucune incidence notable sur le réchauffement, tout au plus une réduction de moins de 0,1 de degré Celsius d’ici la fin du siècle.

La deuxième approche consisterait à s’en remettre à la discipline du marché pour susciter l’information et la motivation de s’adapter et de façon appropriée aux conditions nouvelles. Comme on l’a fait dans le passé d’ailleurs. Qu’on se rappelle qu’au début du XXe siècle, le problème urbain de l’heure découlait du fumier de cheval qui salissait les rues et empoisonnait l’atmosphère. C’est en peu de temps que le pétrole a évacué la question, dont la solution aurait été vraisemblablement retardée par les gouvernements du XXIe. Cette façon de faire, parce qu’indirecte, pourrait dans l’immédiat ne pas abaisser autant les émissions de CO2, mais, dans un avenir plus éloigné, elle susciterait notre adaptation aux circonstances nouvelles. Elle favoriserait l’innovation qui réduirait notre dépendance de l’énergie fossile, en même temps qu’elle garantirait la croissance et la liberté. À long terme, la logique du marché ferait plus pour ralentir le réchauffement (c’est à long terme qu’il se pose) que la méthode forte et directe de l’État. Comme pour le libre-échange, l’opération du marché reste souvent invisible et indirecte. Son modus operandi est difficilement accessible. La reconnaissance des droits de propriété et l’expansion consécutive du marché réalisent le miracle non seulement de multiplier la production de « ressources non renouvelables », mais encore de susciter l’apparition de nouvelles ressources et de nouvelles méthodes d’exploiter les anciennes.

Il faut malheureusement prévoir que telle ne sera pas l’option retenue. La flexibilité par le marché ne reçoit pratiquement pas d’appui dans le débat sur le réchauffement; peu de gens contestent que la solution doive venir du législateur. Non pas uniquement parce les bénéfices purement spéculatifs de l’action étatique auront entraîné la faveur d’un public rationnellement ignorant, mais parce que les énormes budgets bureaucratiques et les allocations de recherche comportent des avantages immédiats et concentrés dans les organisations « d’experts ». Dans un grand nombre de domaines, la science s’est politisée du fait que le financement public domine la recherche, surtout médicale et environnementale. Suivant la logique du ministre fédéral de l’environnement, c’est le consensus scientifique qu’il faut chercher désormais, non pas l’exploration de théories rivales et d’instruments concurrents associés à l’essai et l’erreur. Les agences publiques ne financent pas les théories rivales. La science et la politique sont devenues inextricablement liées, ce qui permet de passer du financement de la recherche sur le sida à l’aide internationale, de l’identification de plus de 100 oncogènes, dont aucun n’a été associé au cancer, à la régulation de tous les produits chimiques et à l’interdiction des aliments génétiquement modifiés.

Les gestes « audacieux » et immédiats se vendent mieux à un public rationnellement ignorant et inspiré par la peur, même si les bénéfices à court terme découlent exclusivement de leur apparence plutôt que de leur contribution effective à la solution d’un problème. Le politicien lui-même trouvera plus facilement dans ces gestes le moyen de s’arroger le crédit, que de solutions marchandes plus productives mais indirectes.

[1] L’expression est de Rioufol (2004)

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Catégorie(s) : Socio-politique Étiqueté : bureaucratie, économie, Etat, gaz à effet de serre, gouvernement, industrialisation, pouvoirs publics, protocole de Kyoto, réchauffement climatique, société, système politique

Le recul économique du Québec depuis la révolution tranquille

Le 19 août 2015 par Jean-Luc Migué 2 commentaires

JLM-EconQc2Texte condensé.

Depuis les années 60, le Québec s’est assujetti à une idéologie plus asservissante que la ferveur qui a caractérisé sa foi religieuse traditionnelle. Cet asservissement a nom étatisme, contrôle de l’État. Et l`étatisme a donné lieu à un recul prononcé de la croissance économique, relativement au reste du Canada.

Les faits sur le recul du Québec

De 1961 à 2009, la population du Québec est passée de 29% de la population canadienne à 22%. Le Produit Intérieur Brut réel a fait un progrès global de 70,9% au Québec, mais de 96,3% dans le reste du Canada. S’agissant de l’investissement et de l’emploi, l’économie du Québec a vécu un écart grandissant avec le reste du Canada au cours des dernières décennies. De 70.4% de la moyenne canadienne qu’elle était en 1981, la part du Québec dans les investissements en machinerie et en équipement est tombée à 59% en ce début du XXIe siècle. Le recul relatif du Québec depuis les années 60 est incontestable.

Émigration

Recul accompagné depuis les années 60 d’une émigration nette de 387 100 personnes du Québec vers les autres provinces. Lorsque le revenu par habitant baisse dans une province, les gens quittent cette région et les immigrants y affluent en moins grand nombre. L’offre de main-d’œuvre décline et ainsi la rareté de main-d’œuvre fait monter les salaires. Et ce processus de migration se poursuit jusqu’à ce que le revenu réel par habitant converge dans toutes les régions. Ce qui fait qu’en dépit de sa faible croissance globale, le niveau de vie québécois s’inscrit au même niveau que dans le reste du Canada. En vertu de cette logique, le Québécois moyen non mobile ne se rend pas compte du piètre état de notre économie, parce son revenu personnel réel n’en souffre pas.

Cause majeure du recul du Québec : l’étatisme

Le Québec s’inscrit au sommet des 10 provinces et des 50 états américains en matière de fiscalité et de régulations. La part des dépenses publiques dans l’économie québécoise atteignait 47,3% en 2009, soit de près de 9 points de pourcentage supérieure à la moyenne canadienne. La fonction publique du Québec emploie le même nombre de personnes que la Californie. La cause déterminante de notre retard se trouve ainsi identifiée : Les études démontent universellement que la relation entre le rythme de croissance de l’économie et la taille de l’État est négative.

Correctifs à l’étatisme : préceptes constitutionnels

La hausse du niveau de vie et la longévité depuis deux siècles résultent du capitalisme, nonobstant la vision négative que les gens nourrissent à son endroit. L’État étant un mal nécessaire, le correctif qui s’impose, révélé par l’histoire du dernier demi-siècle, est que les règles constitutionnelles circonscrivent rigoureusement le Québec dans sa fiscalité et ses régulations.

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Catégorie(s) : Économie du Québec Étiqueté : économie, émigration, étatisme, politique, Québec, société

L’État, source déterminante des soucis écologiques

Le 12 août 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Etat2

Même les mesures formellement destinées à réduire notre dépendance du pétrole entraînent l’effet contraire. L’ambition de substituer l’éthanol au pétrole élève l’émission de bioxyde de carbone. Il faut 75% de plus d’énergie pour cultiver, broyer, faire fermenter et distiller le maïs pour en faire de l’éthanol que l’éthanol lui-même n’en contient. La plupart des programmes de recyclage, vantés pour leur prétendue économie d’énergie, en élèvent plutôt la consommation. Il faut désormais subir le passage bruyant de trois camions d’éboueurs plutôt que d’un seul. L’octroi de subventions aux frigos « efficaces » en énergie, suscite l’achat d’appareils supplémentaires et l’installation d’un frigo à bière au sous-sol.

Nos manufacturiers de voitures encaissent de généreuses subventions, comme le font nos chemins de fer, nos chantiers navals et les jets de Bombardier. Nos ports et aéroports reçoivent aussi d’abondantes aides de l’État. Les producteurs les plus libéraux de gaz à effet de serre que sont les industries de ressources naturelles—le papier, les mines et l’agriculture—jouissent également d’une généreuse assistance de l’État. L’agriculture en particulier, qui compte pour le septième de toutes les émissions, fait l’objet d’énormes subventions, en plus de jouir d’une longue suite de subventions indirectes que sont nos régimes de régulation et de fiscalité. Même l’assurance emploi discriminatoire sert à garder le plus de travailleurs possibles dans les régions riches en ressources. Le système de péréquation a aussi pour effet de maximiser l’exploitation des ressources, en transférant la richesse des régions industrialisées en faveur des provinces rurales les plus dépendantes des ressources naturelles. Et de toute façon, la péréquation n’a aucun fondement, puisque le revenu réel par habitant ne varie pas suivant les régions dans les économies intégrées comme au Canada. A l’intérieur de chaque province, l’aide régionale est canalisée des régions urbaines en faveur des régions rurales les moins économes en énergie.

Même à l’intérieur des villes, le biais historique a favorisé la consommation de carburant. Les interventions publiques ont soustrait les résidents des villes au fardeau de leurs décisions de s’installer dans un endroit ou dans un autre : Subventions à la construction domiciliaire en faveur des banlieues, réglementations et normes de construction dans les villes centres, non tarification de la plupart des services et en particulier du transport routier, construction d’autoroutes et de voies d’accès aux frais de l’ensemble des contribuables plutôt que des utilisateurs, subvention aux services d’eau et d’égouts et programme fédéral d’infrastructures, subvention au transport en commun. Le cauchemar des encombrements urbains tient directement et exclusivement à la gratuité des routes et des rues imposée par l’État. Les maisons de rapport et les cafés du coin, même sis à proximité de stations de métro, ont l’obligation de prévoir de vastes espaces de stationnement, qui ont pour effet de hausser le loyer des logements tout en abaissant le coût de fonctionnement de l’automobile. Les villes interdisent l’implantation de transport en commun privé, de même que l’usage partagé du taxi, deux recours qui offriraient le transport plus rapide et par des itinéraires plus directs et donc plus économiques. Elles limitent en même temps le nombre de permis de taxis qui serviraient de substituts à la voiture privée. Conclusion : L’abandon pur et simple de Kyoto, sans implantation de programmes substituts factices, s’avère donc pour le Canada le plan optimal de réduction des gaz à effet de serre.

L’histoire des fumisteries groupistes ne se limite pas à la litanie des catastrophes écologiques qu’on prophétise, tels l’épuisement des ressources et l’extinction des espèces, en passant par l’enfer climatique imminent. Les plus gros titres des journaux nous en révèlent une longue liste supplémentaire observée ces quelques dernières années. Soulignons la bulle boursière de l’Internet, la présence de munitions de destruction massive en Iraq, la diabolisation de George W. Bush au Canada et en Europe, et plus significative encore, l’adhésion intellectuelle massive à l’étatisme qui a marqué la deuxième partie du XXe siècle et qui se perpétue au XXIe sous la forme du « développement durable ». L’un des dangers extrêmes de cette menace a pris la forme chez nous de ce qu’il est convenu d’appeler la doctrine Lalonde, du nom de l’ex-ministre fédéral. En vertu de cette règle de conduite, il est devenu légitime pour les agences publiques, en matière d’environnement et de santé, de manipuler l’enseignement de la science au profit de la propagande, si on peut par l’endoctrinement changer les styles de vie et promouvoir la santé des gens et de l’environnement. Concrètement, cette doctrine a servi récemment à emporter l’adhésion générale à la signature du protocole aberrant de Kyoto (abandonné depuis au Canada) et au refus de certains gouvernements provinciaux de financer des appareils PET et PRT-CT pour le dépistage du cancer.

 

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Catégorie(s) : Économie du Québec

L’unique système de progrès économique de l’humanité: le capitalisme

Le 4 août 2015 par Jean-Luc Migué Laisser un commentaire

JLM-Capitalism

Les préjugés et l’ignorance à l’endroit du capitalisme sont largement répandus. Les gens comptent sur les gouvernements pour réaliser la justice sociale, pour leur protection et leur assistance sous forme de législation en faveur des travailleurs et de la société en général, pour réaliser l’ordre social, le tout par la planification. Ils demandent la fiscalité progressive et la taxation des héritages, le salaire minimum, l’immunité en faveur des syndicats, les lois antitrust, la sécurité sociale, l’école et l’hôpital publics, l’habitation publique, la médecine publique, les bureaux de poste publics, le transport par rail, le métro et les lignes d’autobus, les subventions aux agriculteurs, aux manufacturiers, aux emprunteurs et aux prêteurs, aux chômeurs, aux étudiants, aux locataires, aux gens dans le besoin ou prétendus tels.

Voici quelques croyances populaires et naïves que George Riesman[1], le grand maitre de l’économique, observe et démasque dans un récent écrit sur une perception répandue du capitalisme: La recherche du profit est à l’origine des maigres salaires, des heures de travail épuisantes, et du travail des enfants; des monopoles, de l’inflation, des dépressions, des guerres, de l’impérialisme et du racisme. L’épargne est perçue comme la thésaurisation des capitaux. La concurrence est la loi de la jungle. L’inégalité est injuste et le fondement légitime de la guerre des classes. Le progrès économique suscite le ravage de la planète et, dans son association à l’efficacité, suscite le chômage et les dépressions. Le gonflement des dépenses publiques s’impose pour prévenir le chômage en régime capitaliste. Les hommes d’affaires et les capitalistes sont des exploiteurs et touchent des revenus qu’ils n’ont pas gagnés. La bourse est un casino. Les détaillants et les grossistes sont des intermédiaires, sans fonction autre que d’ajouter un « markup » aux prix exigés par les agriculteurs et les manufacturiers. Toutes ces accusations sont lancées ad nauseam dans les médias, dans les romans et les pièces de théâtre, dans les classes d’école et dans les allocutions publiques. Peu de gens, particulièrement au Québec, adhèrent au principe inhérent à l’analyse économique et donc à la prospérité : l’État est un mal nécessaire. On ne peut malheureusement pas s’en passer. Le mieux qu’on ait réussi à faire avant l’avènement de l’étatisme dans les années 60, c’est de le circonscrire. Nous reviendrons à l’examen des règles constitutionnelles susceptibles de réaliser cet objectif.

L’ignorance de l’économique et du capitalisme est généralisée. Le capitalisme a été et demeure l’unique système du progrès économique et de la prospérité; on peut même le désigner comme la pré condition à la paix mondiale. Tel qu’enseigné par Riesman, il peut servir de manuel substitut aux clichés répandus par Samuelson, par ses disciples et ses imitateurs. Quiconque a le souci de comprendre l’économique et la politique du monde moderne se doit de lire cet ouvrage. Comme l’énonçait James Buchanan, l’exposé que fait George Riesman des faussetés mercantilistes modernes l’élève au statut d’Adam Smith. Nous choisissons l’occasion pour souligner la contribution incontournable de cet auteur.

[1] George Riesman, Capitalism: A Treatise on Economics, TJS Books, Laguna Hills, California, 1990.

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Catégorie(s) : Économie du Québec

ÉCONOMIE ET POLITIQUE

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JEAN-LUC MIGUÉ

Jean-Luc MiguéÉconomiste canadien. Maitrise de l’Université de Montréal. Ph.D. de The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Il a été professeur à l’Université Laval et est Professeur émérite à l’École nationale d’administration publique (ENAP).
Canadian economist. Master’s Degree, Université de Montréal. Ph.D., The American University, Washington, DC. Senior Fellow, Fraser Institute, Vancouver. Was professor at Université Laval. Is now Professor Emeritus, École nationale d’administration publique, (ÉNAP) Quebec City.

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