Les préjugés et l’ignorance à l’endroit du capitalisme sont largement répandus. Les gens comptent sur les gouvernements pour réaliser la justice sociale, pour leur protection et leur assistance sous forme de législation en faveur des travailleurs et de la société en général, pour réaliser l’ordre social, le tout par la planification. Ils demandent la fiscalité progressive et la taxation des héritages, le salaire minimum, l’immunité en faveur des syndicats, les lois antitrust, la sécurité sociale, l’école et l’hôpital publics, l’habitation publique, la médecine publique, les bureaux de poste publics, le transport par rail, le métro et les lignes d’autobus, les subventions aux agriculteurs, aux manufacturiers, aux emprunteurs et aux prêteurs, aux chômeurs, aux étudiants, aux locataires, aux gens dans le besoin ou prétendus tels.
Voici quelques croyances populaires et naïves que George Riesman[1], le grand maitre de l’économique, observe et démasque dans un récent écrit sur une perception répandue du capitalisme: La recherche du profit est à l’origine des maigres salaires, des heures de travail épuisantes, et du travail des enfants; des monopoles, de l’inflation, des dépressions, des guerres, de l’impérialisme et du racisme. L’épargne est perçue comme la thésaurisation des capitaux. La concurrence est la loi de la jungle. L’inégalité est injuste et le fondement légitime de la guerre des classes. Le progrès économique suscite le ravage de la planète et, dans son association à l’efficacité, suscite le chômage et les dépressions. Le gonflement des dépenses publiques s’impose pour prévenir le chômage en régime capitaliste. Les hommes d’affaires et les capitalistes sont des exploiteurs et touchent des revenus qu’ils n’ont pas gagnés. La bourse est un casino. Les détaillants et les grossistes sont des intermédiaires, sans fonction autre que d’ajouter un « markup » aux prix exigés par les agriculteurs et les manufacturiers. Toutes ces accusations sont lancées ad nauseam dans les médias, dans les romans et les pièces de théâtre, dans les classes d’école et dans les allocutions publiques. Peu de gens, particulièrement au Québec, adhèrent au principe inhérent à l’analyse économique et donc à la prospérité : l’État est un mal nécessaire. On ne peut malheureusement pas s’en passer. Le mieux qu’on ait réussi à faire avant l’avènement de l’étatisme dans les années 60, c’est de le circonscrire. Nous reviendrons à l’examen des règles constitutionnelles susceptibles de réaliser cet objectif.
L’ignorance de l’économique et du capitalisme est généralisée. Le capitalisme a été et demeure l’unique système du progrès économique et de la prospérité; on peut même le désigner comme la pré condition à la paix mondiale. Tel qu’enseigné par Riesman, il peut servir de manuel substitut aux clichés répandus par Samuelson, par ses disciples et ses imitateurs. Quiconque a le souci de comprendre l’économique et la politique du monde moderne se doit de lire cet ouvrage. Comme l’énonçait James Buchanan, l’exposé que fait George Riesman des faussetés mercantilistes modernes l’élève au statut d’Adam Smith. Nous choisissons l’occasion pour souligner la contribution incontournable de cet auteur.
[1] George Riesman, Capitalism: A Treatise on Economics, TJS Books, Laguna Hills, California, 1990.
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