Le Québec, région typique de croissance lente, mais de revenu personnel comparable.
Une forme de consensus s’est établie au Québec sur l’état de l’économie depuis les années 60. Selon cette vision, non seulement la province n’a pas reculé; elle a amélioré sa position relative au Canada et à l’Ontario dans les dernières décennies. En raison du fait que son PIB par tête s’est rapproché de celui de l’Ontario depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’interprétation conventionnelle veut que l’intervention du gouvernement du Québec depuis la soi-disant « révolution tranquille » soit à l’origine de ce rétrécissement de l’écart. Ce que cette évolution démontre plutôt, c’est que dans une économie ouverte les ajustements aux variations de croissance interrégionales s’expriment non pas dans le revenu par tête mais dans les migrations interrégionales. En un mot, le PIB global relatif du Québec a reculé sensiblement, mais le PIB par tête a suivi l’évolution relative des autres provinces.
En termes de revenu nominal par habitant, de revenu personnel disponible et de gains hebdomadaires moyens, le Québec retarde sur l’Ontario de 10% à 16%, mais ces chiffres ne sont pas ajustés aux différences de coût de la vie du fait que les données n’existent pas aux niveaux provinciaux. Les données existent cependant pour quelques grandes villes canadiennes. Selon l’indice des prix à la consommation d’octobre 2006, le coût de la vie à Montréal fondé sur un panier de biens et services s’inscrivait à 14,7% en-dessous de celui de Toronto, tandis que le coût du logement s’établissait à 30-35% sous celui de Toronto. De son côté, Emploi et Développement Social Canada (2007:78) fixait le coût d’un panier identique de biens et services à 19,2% en-dessous de sa contrepartie torontoise. Le seul coût du logement explique 90% de l’écart estimé à $5,796 par année. Les Montréalais gagnent en général un revenu monétaire inférieur, mais cet écart s’avère entièrement compensé par les prix inférieurs du sol et des structures fixes. Étendu à l’ensemble de l’Ontario et du Québec, l’écart suggère que le coût inférieur du sol au Québec compense intégralement le PIB nominal par habitant inférieur. La divergence de croissance générale s’en trouve capitalisée dans le prix du sol. Un type spécifique d’égalisation des prix omet donc de s’établir à travers une économie intégrée; il s’agit du prix des ressources fixes, soit le sol et les structures physiques.
Le revenu réel par habitant du Québec s’inscrit au même niveau que celui de l’Ontario en dépit de sa croissance minable et donc en dépit de la « révolution tranquille », mais non pas à cause d’elle. Par la vertu d’un siècle d’échange libre entre les deux provinces, leurs économies sont devenues grandement intégrées. La mobilité du travail et le choix que font les immigrants dans leur localisation ont fait que les niveaux de revenu réel par tête s’égalisent à travers les provinces, nonobstant l’écart grandissant du PIB global du Québec. Il importe d’insister sur le fait que ces résultats s’avèrent empiriquement valides aux USA, au Royaume-Uni et en France.
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