Le premier et le plus explicite des mécanismes pour transférer la richesse des contribuables aux producteurs réside dans l’étatisation pure et simple d’industries entières. Voici une courte énumération non exhaustive des pièces maîtresses de l’arsenal politique qui interdit en pratique à quiconque autre que le monopole public d’offrir des services hautement recherchés par la population : l’éducation et la santé étatiques, les rues et les routes, le transport en commun, l’électricité et l’énergie nucléaire, la poste, l’assurance-chômage, la collecte et le traitement des déchets solides, les aéroports, la philanthropie, le crédit hypothécaire et l’assurance, le jeu, la vente d’alcools et la loterie. Dans la logique mystérieuse de la politique, la vente d’alcool constitue un service public dans neuf des dix provinces. Le Québec se targue d’agir en « venture capitalist ». La loi traite des industries légitimes comme s’il s’agissait d’activités criminelles.
Pour n’être pas transparent et déclaré, le profit ou la rente de monopole n’en est pas moins présent dans le monopole public; il est réparti entre les preneurs de décision à travers la structure impénétrable de la machine. On lui donne le nom de « budget discrétionnaire ». Ce budget se traduit en revenus réels supérieurs pour les agents producteurs engagés dans l’entreprise publique. Il fait fonction de subventions aux détenteurs de facteurs. Il explique que le bilan des entreprises d’État s’avère si piètre. La poste canadienne prend plus de temps qu’il y a 50 ans à livrer son courrier. Le mouvement de privatisation a perdu de sa faveur récemment. Ce n’est pourtant pas parce qu’il s’est avéré décevant. Le survol de 38 études (Megginson and Netter, 2001) de privatisations implantées dans de multiples industries à travers le monde mène aux conclusions suivantes : L’opération a valu plus de 600 milliards de dollars aux trésors publics. Plus fondamentale encore, l’injection de concurrence a forcé les entreprises à se montrer plus conscientes des coûts, à améliorer la qualité de leurs services, à augmenter leurs profits et à atteindre une meilleure position financière. Et cet heureux aboutissement ne se limite pas à quelques secteurs secondaires. Il touche les pièces maîtresses que sont l’éducation et la santé, les services postaux, le secteur de l’électricité, le transport aérien et le transport en commun, les télécommunications, les banques, la collecte et le traitement des déchets solides, les aéroports, la production et la distribution de pétrole et de gaz, l’assurance-chômage et l’assistance sociale.
Ces résultats sont confirmés par une publication de la Banque Mondiale (www.worldbank.org), qui examine la performance de 60 entreprises privatisées dans 16 pays différents. En conséquence de la privatisation, les investissements des firmes concernées ont augmenté de 44%, la production de 27%, l’emploi de 6% et l’efficacité de 11%. De l’avis de cet organisme, qui a été pourtant après la deuxième guerre mondiale l’artisan principal de la pratique ruineuse des nationalisations dans le Tiers Monde, les études les plus solides démontrent la réalisation de progrès énormes du bien-être général et d’impact réel sur les indicateurs sociaux, telle la mortalité infantile. Dimension intéressante à noter : De soumettre les entreprises publiques à la concurrence exerce un impact plus fort sur le taux d’investissement que la privatisation elle-même, et loin de diminuer, l’emploi (et souvent les salaires) des travailleurs y gagnent via l’expansion de la production qui en résulte. Selon une étude récente d’un secteur important, voici le condensé que fait l’auteur de l’analyse de la privatisation des télécommunications : La privatisation a valu une énorme amélioration de l’allocation du capital et du travail; elle a contribué à la diffusion du service, à la pénétration des réseaux de communication, et à la poussée de la productivité du travail et de l’ensemble des facteurs (Li, Weil et Xu, 2004). On ne s’étonnera guère de la piètre performance des sociétés d’État. Leurs décisions s’inspirent le plus souvent de considérations politiques, c.-à-d. redistributives plutôt que commerciales. Elles ne combinent donc pas leur capital et leur travail de façon optimale et ne subissent pas d’incitation à offrir de bons services. Elles deviennent la plupart du temps des créateurs d’emplois factices plutôt que des créateurs de richesse et n’obtiennent donc pas le capital nécessaire.